4 novembre 2008
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17:16
NB : vous pourriez avoir la moitié de la question : quel est le rapport de DJ à Sg ou l'inverse quel est le rapport du valet au maître...
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Introduction:
Dj vient de Tirso, Sg de la comédie italienne : il a été utilisé six fois ailleurs dans son œuvre par M.
Dj, 25 scènes, Sg, 26: c'est cette présence scénique presque équivalente que nous interrogerons avec un duo dont nous verrons les dépendances et interdépendances. DJ, l'homme qui défait les couples a un lien profond avec son valet.
Posons d'emblée que si Sg ne sert à rien quand on le compare à Scapin par exemple, DJ a besoin d'un serviteur-complice-confident-miroir-spectateur-repoussoir et que notre plaisir de spectateur vient du jeu des contraires et de l'éclairage successif que chacun donne de l'autre.
1/DEUX EMPLOIS POUR DEUX VISIONS DU MONDE :
A)DJ, LE NOBLE TRAITRE:
• noble :
-son habit le montre soucieux de son apparence et Pierrot parle de courtisan.
-comme tous les nobles de l'époque, il a des dettes dont il se moque;
-son père est proche du Roi (et lui demande son appui pour cacher ses frasques (où l'apprenons-nous?));
- Dj a parfois des comportements dignes de son nom : à vous (Carlos);
-son discours est d'une puissante rhétorique.
•mais il trahit sa classe, sans scrupule:
-ce que lui dit nettement son père ( citez);
-il est le parasite de la noblesse : il utilise son prestige, son aura, les signes de puissance pour de basses œuvres (séduire une paysanne en lui faisant miroiter le mariage...).
B)SGANARELLE, L'HUMBLE COMIQUE :
- homme issu du peuple, on lui découvre une solidarité éphémère avec les paysannes (à vous); il "croit" aider le pauvre ( à vous);
-il se retrouve désargenté (vraie solitude finale (gages)) ;
-il a une foi de charbonnier et croit beaucoup aux superstitions (Moine- Bourru; loup-garou);
-il a un langage qui se veut recherché mais qui tombe vite dans l'a-peu-près et l'incohérence (fatrasie de la fin);
-homme du bas, du grossier, il prend des coups, il est le bavard, le gourmand (où?), le malséant (habit purgatif), le poltron (où?), il relève de la farce le plus souvent.
Pourtant il faut admettre que le bas peut s'élever et que le supposé digne s'abaisse : ainsi Dj le séducteur débite mécaniquement et platement son discours à Charlotte et paraît burlesque tandis que Sg se hisse, au cœur du comique même, à la hauteur du pathétique dans sa tirade du marabout-bout (concaténation d'anadiploses) de ficelle de l'acte V.
c) deux "philosophies", deux modes de pensée et de vie qui s'affrontent perpétuellement.
* le système d'oppositions est évident : le mécréant, le croyant; le rebelle, le partisan de l'ordre établi; le rationaliste , le superstitieux; l'homme des conquêtes féminines, le valet sans femme et n'en parlant jamais..
*la base de leur opposition tient à l'usage différent du langage :
- Dj se joue des autres en promettant toujours et sans attacher la moindre valeur de vérité aux mots et aux échanges. Le langage est une arme qui sert à un rapport de force dans lequel Dj veut l'avantage. On a dit du burlador qu'il avait une conception performative du langage.
- Sg a foi en une certaine capacité du langage à dire le vrai et le faux car il le croit garanti par le VERBE divin et les Écritures.
=> le jeu des contraires semblent bien tranché : mais on a déjà constaté qu' il arrive que Sg passe du côté de son maître (avec le pauvre) et leurs rapports ne sont pas aussi manichéens qu'on croit.
Voyons
2/UN SYSTÈME D'ATTRACTION / RÉPULSION:
a) une connaissance ancienne réciproque et intime (malgré la jeunesse de DJ):
*du côté de Sg: il est fier de posséder son DJ par cœur (où "sur le bout du doigt" :où? à vous). Il sait prévoir ses réactions, ses conquêtes et comprend très vite le sens de certains mots ( cf I,2 PAIX! /DE QUOI EST-IL QUESTION?):
-une exception, de taille : il ne devine pas en V que la conversion de DJ est une comédie.
*du côté de DJ : il sait les défauts de son valet : sa gourmadise en fin de IV, sa sensiblerie (avec Elvire IV, tu pleures, j'espère), sa couardise, sa culture limitée (il le laissse parler par belle malice (2+2). Il lui offre quelques moments de liberté (où?) mais c'est pour mieux renforcer son pouvoir sur ce faire-valoir. Et cet officier des basses œuvres comme lorsqu'il répond à la place de son maître face à Elvire.
b) une relation d'autorité parfois contestée :
*Sg est le souffre-douleur de son maître :
-il a droit à bien des injures (coquin, fat etc.)
-il reçoit un coup destiné à Pierrot
-il doit inviter le commandeur à diner à la place de Dj et donc partager son blasphème.
-il est en IV1 menacé d'une punition terrible avec nerf de bœuf;
-il risque la mort quand il lui faut revêtir l'habit de Dj (où?).
* mais de temps en temps il cherche à contrecarrer les agissements de son maître :
-il s'habille autrement (médecin)
-il parle dans son dos ( avec Gusman, avec les paysannes);il aime l'a parte
Généralement Sg emploie trois méthodes pour oser résister à DJ en sa présence:
-il peut se taire (il ne dit pas qu'Elvire est dans la ville).
-il feint de moraliser un autre maître ( où?); il ironise aussi après la visite de Louis ;
-il parle mais avec l'autorisation du maître et à condition de ne pas franchir le pas des remontrances...(à vous : où?)
-il l'attaque frontalement une seule fois (marabout...) dans une scène comique et pathétique...
Malgré tout, ce qui se dégage de leur relation c'est
c)une complicité fondamentale :
*côté Dj, on devine une dépendance inavouée mais réelle par rapport au valet : Sg est plus qu'un personnage distrayant ; il est le confident, le témoin de toutes ses provocations, il a besoin de lui comme étalon de ses transgressions. Sg représente la société, ses normes et le provoquer c'est se contempler dans un miroir comme un triomphateur permanent
-la preuve éclatante : quand DJ décide de se faire dévot il a BESOIN de Sg comme témoin, il lui dit et comme unique spectateur de sa méchanceté virtuose.
Voulant sans cesse prouver sa supériorité et sa liberté il dépend aussi de ce valet bien méprisé pourtant.
*côté Sg, on ne peut nier une admiration certaine (il l'imite, s'identifie à lui), cherche à parler comme lui, à s'assurer comme lui une maîtrise sur les autres (Gusman, il échoue avec Dim( à vous)) , admiration inséparable de sa réprobation déclarée à tout moment : s'il dépend socialement du maître, il en dépend surtout dans l'idée qu'il voudrait avoir de lui-même. Mais il n'existe qu'en s'opposant à Dj ( il le lui dit dans 2+2) sans jamais le quitter parce qu'il a le sentiment de participer à quelque chose d'exceptionnel (le plus grand scélérat...).On doit admettre un vrai attachement pour son maître : même si d'autres raisons moins avouables sont bien présentes aussi.
_____>ils sont inséparables : le valet est aimanté par un maître qu'il condamne ( ô complaisance maudite IV,5) et Dj a besoin d'un repoussoir qu'il entretient pour son plaisir plus que pour son service (que de serviteurs chez DJ..!).
____>le maître parasite l'Ordre qui le fait maître; Sg participe à la course du burlador au nom d'un Ordre social dont il est la première victime...(il est seul, à la fin..tout le monde est content..)
cl : voilà bien des rapports riches, complexes de répulsion et de connivence. Conscience tiraillée ente admiration et rejet, Sg qui ouvre la pièce et la conclut représente sans doute bien sur scène l'ambivalence du spectateur par rapport au libertin [vous risquez d'avoir une question sur la position réelle de Molière : ferai une fiche].
Soyez prêts à répondre à une question sur les valets importants qui viendront après, dans le théâtre : des valets chez Marivaux,( Arlequin dans l'ÎLE DES ESCLAVES), le Figaro de Beaumarchais et au XXème, Mati chez Brecht dans MAÎTRE PUNTILA ET SON VALET MATI...
Que répondriez-vous à la question: pourquoi Molière a-t-il choisi de jouer lui-même Sg dans DJ?
-la preuve éclatante : quand DJ décide de se faire dévot il a BESOIN de Sg comme témoin, il lui dit et comme unique spectateur de sa méchanceté virtuose.
Voulant sans cesse prouver sa supériorité et sa liberté il dépend aussi de ce valet bien méprisé pourtant.
*côté Sg, on ne peut nier une admiration certaine (il l'imite, s'identifie à lui), cherche à parler comme lui, à s'assurer comme lui une maîtrise sur les autres (Gusman, il échoue avec Dim( à vous)) , admiration inséparable de sa réprobation déclarée à tout moment : s'il dépend socialement du maître, il en dépend surtout dans l'idée qu'il voudrait avoir de lui-même. Mais il n'existe qu'en s'opposant à Dj ( il le lui dit dans 2+2) sans jamais le quitter parce qu'il a le sentiment de participer à quelque chose d'exceptionnel (le plus grand scélérat...).On doit admettre un vrai attachement pour son maître : même si d'autres raisons moins avouables sont bien présentes aussi.
_____>ils sont inséparables : le valet est aimanté par un maître qu'il condamne ( ô complaisance maudite IV,5) et Dj a besoin d'un repoussoir qu'il entretient pour son plaisir plus que pour son service (que de serviteurs chez DJ..!).
____>le maître parasite l'Ordre qui le fait maître; Sg participe à la course du burlador au nom d'un Ordre social dont il est la première victime...(il est seul, à la fin..tout le monde est content..)
cl : voilà bien des rapports riches, complexes de répulsion et de connivence. Conscience tiraillée ente admiration et rejet, Sg qui ouvre la pièce et la conclut représente sans doute bien sur scène l'ambivalence du spectateur par rapport au libertin [vous risquez d'avoir une question sur la position réelle de Molière : ferai une fiche].
Soyez prêts à répondre à une question sur les valets importants qui viendront après, dans le théâtre : des valets chez Marivaux,( Arlequin dans l'ÎLE DES ESCLAVES), le Figaro de Beaumarchais et au XXème, Mati chez Brecht dans MAÎTRE PUNTILA ET SON VALET MATI...
Que répondriez-vous à la question: pourquoi Molière a-t-il choisi de jouer lui-même Sg dans DJ?