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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 17:16

NB : vous pourriez avoir la moitié de la question : quel est le rapport de DJ à Sg ou l'inverse quel est le rapport du valet au maître...
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Introduction
:


   Dj vient de Tirso, Sg de la comédie italienne :  il a été utilisé six fois ailleurs  dans son œuvre par M.

  Dj, 25 scènes, Sg, 26: c'est cette présence scénique presque équivalente que nous interrogerons avec un duo dont nous verrons les dépendances et interdépendances. DJ, l'homme qui défait les couples a un lien profond avec son valet.

   Posons d'emblée que si Sg ne sert à rien quand on le compare à Scapin par exemple,  DJ a besoin d'un serviteur-complice-confident-miroir-spectateur-repoussoir et que notre plaisir de spectateur vient du jeu des contraires et de l'éclairage successif que chacun donne de l'autre.

1/DEUX EMPLOIS POUR DEUX VISIONS DU MONDE :

   A)DJ, LE NOBLE TRAITRE:

  • noble :

-son habit le montre soucieux de son apparence et Pierrot parle de courtisan.
-comme tous les nobles de l'époque, il a des dettes dont il se moque;
-son père est proche du Roi (et lui demande son appui pour cacher ses frasques (où l'apprenons-nous?));
- Dj a  parfois des comportements dignes de son nom : à vous (Carlos);
-son discours est d'une puissante rhétorique.

•mais il trahit sa classe, sans scrupule:

-ce que lui dit nettement son père ( citez);
-il est le parasite de la noblesse : il utilise son prestige, son aura, les signes de puissance pour de basses œuvres (séduire une paysanne en lui faisant miroiter le mariage...).

B)SGANARELLE, L'HUMBLE COMIQUE :

- homme issu du peuple, on lui découvre une solidarité éphémère avec les paysannes (à vous); il "croit" aider le pauvre ( à vous);

-il se retrouve désargenté (vraie solitude finale (gages)) ;

-il a une foi de charbonnier et croit beaucoup aux superstitions (Moine- Bourru; loup-garou);

-il a un langage qui se veut recherché mais qui tombe vite dans l'a-peu-près et l'incohérence (fatrasie de la fin);

-homme du bas, du grossier, il prend des coups, il est le bavard, le gourmand (où?), le malséant (habit purgatif), le poltron (où?), il relève de la farce le plus souvent.

Pourtant il faut admettre que le bas peut s'élever et que le supposé digne s'abaisse : ainsi Dj le séducteur débite mécaniquement et platement  son discours à Charlotte  et paraît burlesque tandis que Sg se hisse, au cœur du comique même, à la hauteur du pathétique dans sa tirade du marabout-bout (concaténation d'anadiploses) de ficelle de l'acte V.

  c) deux "philosophies", deux modes de pensée et de vie qui s'affrontent perpétuellement.

* le système d'oppositions est évident :  le mécréant, le croyant; le rebelle, le partisan de l'ordre établi; le rationaliste , le superstitieux; l'homme des conquêtes féminines, le valet sans femme et n'en parlant jamais..

*la base de leur opposition tient à l'usage différent du langage :

     - Dj se joue des autres en promettant toujours et sans attacher la moindre valeur de vérité aux mots et aux échanges. Le langage est une arme qui sert à un rapport de force dans lequel  Dj veut l'avantage. On a dit du burlador qu'il avait une conception performative du langage.

      - Sg a foi en une certaine capacité du langage à dire le vrai et le faux car il le croit garanti par le VERBE divin et les Écritures.

=> le jeu des contraires semblent bien tranché : mais on a déjà constaté qu' il arrive que Sg passe du côté de son maître (avec le pauvre) et leurs rapports ne sont pas aussi manichéens qu'on croit.

 Voyons

2/UN SYSTÈME D'ATTRACTION / RÉPULSION:

  a) une connaissance ancienne réciproque et intime (malgré la jeunesse de DJ):

*du côté de Sg: il est fier de posséder son DJ par cœur (où "sur le bout du doigt" :où? à vous). Il sait prévoir ses réactions, ses conquêtes et comprend très vite le sens de certains mots ( cf I,2 PAIX! /DE QUOI EST-IL QUESTION?):

         -une exception, de taille : il ne devine pas en V que la conversion de DJ est une comédie.

*du côté  de DJ :  il sait les défauts de son valet : sa gourmadise en fin de IV, sa sensiblerie (avec Elvire IV, tu pleures, j'espère), sa couardise, sa culture limitée (il le laissse parler par belle malice (2+2). Il lui offre quelques moments de liberté (où?) mais c'est pour mieux renforcer son pouvoir sur ce faire-valoir. Et cet  officier des basses œuvres comme lorsqu'il répond à la place de son maître face à Elvire.

   b) une relation d'autorité parfois contestée :

*Sg est le souffre-douleur de son maître :

     -il a droit à bien des injures (coquin, fat etc.)
     -il reçoit un coup destiné à Pierrot
     -il doit inviter le commandeur à diner à la place de Dj et donc partager son blasphème.
     -il est en IV1 menacé d'une punition terrible avec nerf de bœuf;
     -il risque la mort quand il lui faut revêtir l'habit de Dj (où?).

* mais  de temps en temps il cherche à contrecarrer les agissements de son maître :

     -il s'habille autrement (médecin)
     -il parle dans son dos ( avec Gusman, avec les paysannes);il aime l'a parte
    
  Généralement Sg emploie trois  méthodes pour oser résister à DJ en sa présence:

-il peut se taire (il ne dit pas qu'Elvire est dans la ville).
-il feint de moraliser un autre maître ( où?); il ironise aussi après la visite de Louis ;
-il parle mais avec l'autorisation du maître et à condition de ne pas franchir le pas des remontrances...(à vous : où?)

-il l'attaque frontalement une seule fois (marabout...) dans une scène comique et pathétique...

Malgré tout, ce qui se dégage de leur relation c'est

   c)une complicité fondamentale :

*côté Dj, on devine une dépendance inavouée mais réelle par rapport au valet : Sg est plus qu'un personnage distrayant ; il est le confident, le témoin de toutes ses provocations, il a besoin de lui comme étalon de ses transgressions. Sg représente la société, ses normes et le provoquer c'est se contempler dans un miroir comme un triomphateur permanent  

-la preuve éclatante : quand DJ décide de se faire dévot il a BESOIN de Sg comme témoin, il lui dit et comme unique spectateur de sa  méchanceté
virtuose.

  Voulant sans cesse prouver sa supériorité et sa liberté il dépend aussi de ce valet bien méprisé pourtant.

*côté Sg, on ne peut nier une admiration certaine (il l'imite, s'identifie à lui), cherche à parler comme lui, à s'assurer comme lui une maîtrise sur les autres (Gusman, il échoue avec Dim( à vous)) , admiration inséparable de sa réprobation déclarée à tout moment : s'il dépend socialement du maître, il en dépend surtout dans l'idée qu'il voudrait avoir de lui-même. Mais il n'existe qu'en s'opposant à Dj ( il le lui dit dans 2+2) sans jamais le quitter parce qu'il a le sentiment de participer à quelque chose d'exceptionnel (le plus grand scélérat...).On doit admettre un vrai attachement pour son maître : même si d'autres raisons moins avouables sont bien présentes aussi.

  _____>ils sont inséparables : le valet est aimanté par un maître qu'il condamne ( ô complaisance maudite IV,5) et Dj a besoin d'un repoussoir qu'il entretient pour son plaisir plus que pour son service (que de serviteurs chez DJ..!).

  ____>le maître parasite l'Ordre qui le fait maître; Sg participe à la course du burlador au nom d'un Ordre social dont il est la première victime...(il est seul, à la fin..tout le monde est content..)



cl : voilà bien des rapports riches, complexes de répulsion et de connivence. Conscience tiraillée ente admiration et rejet, Sg  qui ouvre la pièce et la conclut  représente sans doute bien sur scène l'ambivalence du spectateur par rapport au libertin [vous risquez d'avoir une question sur la position réelle de Molière : ferai une fiche].

  Soyez prêts à répondre à une question sur les valets importants qui viendront après,  dans le théâtre : des valets  chez Marivaux,( Arlequin dans l'ÎLE DES ESCLAVES),  le Figaro de Beaumarchais et au XXème, Mati chez Brecht dans MAÎTRE PUNTILA ET SON VALET MATI...


Que répondriez-vous à la question: pourquoi Molière a-t-il choisi de jouer lui-même Sg dans DJ?









 












 

 
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2 novembre 2008 7 02 /11 /novembre /2008 15:26
Simple fiche qui doit vous permettre de répondre à des questions pouvant émerger dans l'entretien :

-quel est le défi théâtral de la pièce? Est-elle baroque*( cf infra, après ce cours, ma remarque d'avertissement)? Classique*? (Bien savoir et dire que ces notions esthétiques étaient inconnues de M).



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1665 :  alors que ce qu'on appellera bien plus tard le baroque se meurt (si on vous demande une pièce baroque à strictement parler vous citerez L'ILLUSION COMIQUE de Corneille ou LE VÉRITABLE SAINT GENEST de Rotrou) et que la théorie dite classique* a gagné la bataille du théâtre (unités, bienséances, vraisemblance), M reprend à Tirso et aux Italiens un canevas  qui deviendra mythe : longtemps oubliée, négligée et surtout  critiquée pour son côté hybride, cette pièce retient l'attention depuis 50 ans et même pour sa composition longtemps déconsidérée.

Parlrons-nous d'ordre ou de désordre dans la composition de la pièce?



1/UNE COMPOSITION QUI SURPREND AU PREMIER ABORD et semble relever du baroque :



  •a• par ses écarts par rapport aux 3 unités :

        -difficile de trouver une unité de lieu (à vous ), de temps ( le Commandeur invite DJ pour le lendemain alors qu'il s'agit du souper en IV) ou d'action : s'agit-il de l'action du séducteur? Il n'en est plus question après l'acte II ; s'agit-il de la question de Dieu? Elle n'est vraiment présente qu'à partir de III. Pour qu'il y  ait action, il faut des obstacles : DJ les nie, les fuit, s'en débarrasse et même la statue n'en est pas un. On a le sentiment d'un parcours de héros improvisant sans cesse (certains ont pensé à une dimension picaresque*).



         -la vraisemblance* est malmenée: de lieu en lieu ce n'est qu'une succession de rencontres qui paraissent dues au hasard: Elvire certes court après Dj qui court après la jeune promise d'un couple mais après, les paysannes surviennent comme surgissent dans une forêt vraiment fréquentée un pauvre, des brigands , des frères d'Elvire et un mausolée qui s'ouvre de lui-même.
Autre cas voisin : quelle curiosité que cet acte V où DJ rencontre vraiment beaucoup de monde!!!dans un lieu aussi écarté ! Plus étonnant encore : M a ôté le lien familial entre la femme abandonnée et le Commandeur tué (Anna en est la fille);

         - la bienséance* si prisée par spectateurs et théoriciens est toute relative.
Évidemment, M a évité les outrances de ses "modèles"(Villiers etc.) : pas de meurtre sur scène, pas de coups assénés à Louis, pas de repas de serpents mais certains comportements (la  promiscuité avec les paysannes; la volonté de mise à mort du  père) et certaines expressions (l'habit purgatif du "médecin" Sg) choquèrent.
     
                  =>C'est pour ces raisons que cette course à travers l'espace, cette mobilité de DJ a pu être taxée de baroque tardif  quand on a évoqué l'esthétique de la pièce.

   •b• baroque renforcé par une diversité de registres très apparente :

                      -dans le farcesque (où? à vous), dans sa gourmandise, dans son goût pour l'argent , dans sa fatrasie (sa tirade d'anadiploses), il y a chez Sg des éléments du bouffon de Commedia dell'arte. Il y a chez lui aussi du burlesque* quand il parle sérieusement et gravement de choses qu'il  connaît mal (le tabac, la religion de DJ); burlesque de Dj recevant Dim comme un Prince..;

                    -les paysans relèvent de la farce le plus souvent et d'une sorte de pastorale*(atmosphère de noble galanterie de pseudo-paysan dans un environnement naturel) inversée (ces paysans ici n'ont rien de noble) ;


                      -Carlos semble sortir de chez Corneille ; Dom Louis relève comme lui de la tragi-comédie* ; il y a du tragique chez la seconde Elvire et de toute façon dans son destin de femme irrémédiablement trompée et abandonnée. Héroïne presque racinienne avant l'heure.

                       -sans compter sur les apparitions dues à des machines et qui introduisent un merveilleux  largement aimé des baroques.

     •c• baroque qui convient parfaitement à la philosophie du héros, homme du change en amour (à vous avec tirade du séducteur + paysannes), de la comédie, du masque qui passe surtout chez lui par le discours de la tromperie.

*vous pouvez ne développer que la dimension de comédien de Dj (comédien en amour (art du mensonge, rhétorique de séduction et de persuasion), comédien dans le religieux (il joue les Tartuffe avec la première Elvire; il évite le débat avec Sg; à l'amour de dieu du pauvre, il substitue un étonnant amour de l'humanité), comédien socialement avec le jeu du mariage, avec les promesses faites à Carlos, la comédie avec Dim ( sorte de pièce dans la pièce) et enfin, aboutissement nécessaire la comédie de l'hypocrisie  (pléonasme). Seule la fin le montre ne jouant plus mais soupçonnant jusqu'au bout une comédie qu'on pourrait lui jouer.


  Si l'on pose que le mouvement baroque cherche à épouser l'instant, le flux du Temps, qu'il met en scène les changements et les métamorphoses, on peut dire que Molière  a su donner à son    héros  le cadre qui lui convenait
  -avec le changement de cap permanent du protagoniste
& le changement incessant de décor,
  - avec le changement des êtres (Elvire),
  -avec le changement tactique (hypocrisie) de DJ
  -avec cette statue, cette  pierre qui bouge, libère du feu.

    Cette mobilité, cette
mutation des choses et des êtres impliquent surtout  leur caractère éphémère et donc mortel : la marche à la mort, la représentation allégorique de la mort ne sont pas malséants dans cette pièce à dimension baroque. Évoquez le spectre de la fin qui devient le Temps.

        Mais il ne faut pas s'y tromper : dans le baroque même ,le désordre s'appuie sur un ordre caché et Molière a su faire preuve aussi de rigueur dans la structure.

2/UNE COMPOSITION plus SERRÉE, une pièce PLUS HOMOGÈNE  qu'il n'y paraît  :

  M a préféré

   •a• une unité  créée par l'omniprésence du héros et de son valet:

-Dj est presque toujours là (et quand il ne l'est pas, on parle de lui), il décide, oriente tout. Lui et Sg  font  souvent les enchaînements de scènes (conclusion / ouverture: exemple en III: on reprend la question de l'habit de fin de II, on parle théologie et Dj constate qu'il faut demander sa route; après le pauvre, DJ aperçoit un combat déséquilibré et il va aider Carlos ; seul , délaissé par son couard de valet, Dj appelle Sg et c'est la scène du mausolée).

-M a ainsi choisi la technique du miroir, double : chaque personnage permet l'éclairage d'une facette du burlador ( le séducteur pressé avec les paysannes, le noble endetté et méprisant, le goujat avec Elvire, le fils méprisable etc.);  en même temps,  Dj révèle chaque être, sa vérité (l'hypocrisie du père, le rêve de Charlotte, l'impuissance provisoire du bourgeois Dim etc.)et son mensonge.

- l'unité est bien donnée par
le duo  qui est comme le noyau dramaturgique de la pièce : l'interdépendance des deux personnages, l'éclairage de chacun par l'autre donne une homogénéité incontestable à l'œuvre.

Cette unité est complétée par


    •b•une unité thématique, celle des défis du libertin que la pièce décline progressivement.

*vous pouvez utiliser ce qui suit pour montrer l'ampleur des défis:

-dans les actes I & II l'infidélité est théorisée (tirade du séducteur) et mise en pratique (abandon d'Elvire, recherche de la jeune fille à la barque, séduction des paysannes).Ce libertinage ne va pas sans trahisons morale, religieuse et sociale.

-à partir de l'acte III, le défi devient plus religieux et social:

       -sollicité par Sg, Dj ridiculise la médecine et au plan théologique lâche une formule (2+2) complexe qui révolte le valet croyant;

         -liant religion et morale sociale, Dj "attaque" le pauvre.

         -fait étonnant : Dj prouve une morale de classe en sauvant Carlos mais ne laisse pas de doute sur sa prochaine trahison: il ne reviendra pas auprès de sa femme Elvire.

          -pour finir Dj , poussé par la poltronerie de Sg en vient à inviter un mort à manger : parodie de civilité et mépris pour les morts.

-l'acte IV récapitule tous les défis :

        -social avec Dim;

        -familial et social avec Louis.

        -amoureux et religieux : Elvire.

      -religieux : il traite la statue visiteuse comme si de rien n'était.

-en V, pour des raisons personnelles mais profondes, M ajoute un défi qu'il considère comme gravissime : l'hypocrisie. Défi qui touche au religieux mais aussi  à toute la société. Au dénouement, Dj affronte la mort avec hauteur. Ultime défi.

 En quelque sorte on peut dire que le grand défi de DJ (outre le défi baroque à la vie en tous ses mouvements) est celui qui consiste à s'attaquer à tout ce qui fait lien : Dj joue avec les liens humains et c'est quand il se fait hypocrite qu'il devient le plus dangereux aux yeux de M.
       

•c• face à ces défis et pour les compléter, M a su créer une unité de
périls acceptée par les théoriciens du théâtre de l'époque de M :

  *Dj est menacé de noyade, il est poursuivi (changement d'habits), il doit revenir à Elvire ou se battre contre Carlos, il doit prendre garde aux menaces de son père (appel à la loi pour l'enfermer), il lui faut se rendre à une invitation de Commandeur.

   *Sans compter les menaces et prédictions proférées par tous  qui annoncent que le Ciel veut sa mort (à vous : Sg, Louis, Elvire (sa dernière apparition où elle souligne l'urgence d'un repentir etc)).

  Sous la course apparemment picaresque perce une montée des périls qui connaît un crescendo admirablement construit. Ainsi vous pouvez montrer ce que Mesguich ne veut pas voir dans sa scénographie : Dj n'est chez lui, dans sa ville qu'à l'acte IV. Repli évident sur un espace familier.


cl : voilà une œuvre construite et non hybride comme on la dit et cru longtemps.M ne pouvait se poser des questions artistiques et esthétiques qui vinrent après (le baroque) mais il a su trouver une composition qui sert d'écrin éloquent à son personnage principal : sans aller jusqu'aux excès de ses prédécesseurs il a su à la fois épouser la course  improvisée et désordonnée  de Dj et lui donner un ordre significatif et bien calculé : dans tous les cas il a fait sinon l'éloge de ce comédien du moins l'éloge du théâtre capable de tout dénoncer, en particulier ceux qui veulent le censurer.

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    POUR UNE QUESTION TOURNANT AUTOUR DU BAROQUE

    Avoir pratiqué Google:

  par exemple :

  http://www.picturalissime.com/art_baroque.htm

  http://www.espacefrancais.com/baroque.html

   Partir d’évidences :savoir

-l’histoire du mot : sans doute emprunté au portugais barroco « rocher granitique » et « perle irrégulière » en  joaillerie et qualifiant en espagnol un syllogisme plutôt étrange. En architecture le mot définira  longtemps « un  style architectural très orné et tourmenté ».

-la période baroque en art correspond au départ à une reprise en main du pouvoir religieux (grâce aux Jésuites) sur les peuples : la Contre-Réforme.
 
-l’apparition tardive du concept dans l’histoire de l’art (fin XIXème) en tout cas de façon positive (baroque a longtemps été péjoratif pour critiquer qui s'écarte des règles de la Renaissance classique);

-les désaccords entre les théoriciens depuis 50 ans. ON NE SAIT plus bien qui est ou n’est pas baroque.

-il est délicat de s’accorder sur le “moment” baroque.Pour faire vite 1570/1650 (encore faut-il dire où exactement, dans quel pays: on a tendance à penser que la France (qui a eu son  heure baroque ) a eu tout de même une réticence que n'ont pas eue d'autres pays (Espagne, Allemagne).

-utiliser mon 1) du cours qui est ci-dessus.


  
               
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25 octobre 2008 6 25 /10 /octobre /2008 08:52
          les défis ou le libertinage* de DJ

*(nous reviendrons longuement sur les libertinages parmi lesquels on distingue le libertinage sceptique et érudit, le libertinage épicurien et jouisseur  et le libertinage naturaliste radical: nous en reparlerons aussi avec les extraits des LIAISONS DANGEREUSES.)


INTRO :

Deux mots résument DJ : séduction et défi. Étudions les en séparant arbitrairement des domaines parfaitement unis en la personne de DJ qui est à lui seul un défi.

Nous verrons ce qu'on appelle libertinage de mœurs et de pensée.


Un mot tout d'abord sur


LE DÉFI QUI CONDITIONNE TOUT :l'emploi du langage.

DJ abuse des autres en abusant des mots. Voulant agir sur autrui, il le paie en monnaie de singe comme Dim.(et déjà dans la première scène Sg dit : j'ai peur qu'elle ne soit mal payée de son amour...).Loin du vrai et du faux, il ne veut qu'une parole efficace et heureuse qui lui donne barre sur tous. Parler (avec une rhétorique maîtrisée) c'est faire du mot un outil au service d'une force.

Le cas le plus probant est son utilisation de la Promesse: DJ s'engage en tout et ne tient jamais son engagement.,Chaque fois qu'il dit "je promets", il ne ment pas : sans faire référence à ce qu'implique sa parole, il dit seulement ce qu'il fait :il promet.

Tous ses échanges  détournés seront fondés sur ce modèle.

[La question va évidemment très loin : DJ incarne un scepticisme réel quant au pouvoir de Vérité du langage : en même temps il agit en sophiste* pour assurer ses triomphes..]



LE LIBERTIN DE MŒURS:


LE DÉFI AMOUREUX :sachez bien la tirade de présentation par SG (capitale) et la tirade du séducteur, évidemment. Sans oublier la réplique de Gusman qui raconte comment sa maîtresse a été séduite.

À l'amour durable, vainqueur du Temps,
À l'amour communion,

                            DJ oppose l'inconstance, l'infidélité, la quête perpétuelle et perpétuellement relancée, l'intérêt pour le nouveau, l'amour des commencements et les commencements de l'amour, la passion de la beauté et la soumission à la nature: dév PENTE NATURELLE(III,5). Place consacrée au corps (pensez simplement à sa faim au moment où (IV) une statue de pierre pourrait venir; pensez aux lèvres appétissantes de Charlotte), plaisir, désir énoncés si souvent (et dénoncés par Sg qui parle de chien, de pourceau d'Épicure), tout devait choquer une société accordant tout de même (en principe seulement (pensez aux maîtresses de Louis XIV...)) une large place à la privation et à l'ascétisme.

 Voué à la séduction, DJ est le comédien (tirade du séducteur) qui a besoin d'obstacle pour pouvoir vaincre et s'imposer dans une conquête  de la femme considérée comme une pièce dans un Jeu.[On retrouve les mêmes images chez Valmont dans LES LIAISONS DANGEREUSES (à suivre)]. Il dupe, abandonne cruellement (cf Elvire), prend plaisir aux larmes de sa femme convertie((IV): il a un peu du prédateur (séduction grossière avec les paysannes) même s'il y a en lui un amateur déclaré de la beauté.  Il provoque le romanesque d'Elvire mais ne laisse aucune illusion sur l'amour. Il est l'anti-Tristan*.

[Dans la femme, dans le plaisir pris à la conquérir, dans la volonté d'imposer sa domination, dans la volonté de les quitter, on doit insister sur la notion de séduction (se-ducere=mener à part, séparer, détourner du vrai...) qui dépasse sans doute la femme en elle-même.]

Observez tout de même que le DJ de Molière parle beaucoup d'amour (et son valet en I,1 fait un portrait de grand ' "épouseur à toutes mains") mais les femmes n'occupent qu'un quart de la pièce et il ne réussit pas vraiment dans ses entreprises: il échoue dans l'enlèvement de la jeune promise (naufrage), il doit quitter Charlotte et Mathurine. Dans la suite de la pièce il ne sera plus question de conquête.


LE DÉFI SOCIAL & MORAL: DJ s'en prend à tout ce qui fait norme, tout en en usant et abusant.[une de ses grandes ambiguïtés ]. Tout ce qui fait loi, norme, à ses yeux est infondé et entre dans la catégorie de l'apparence dont il est le maître.

-certes il conserve des réflexes de classe (il ne comprend pas l'habit d'Elvire en I,3, il sauve Carlos), il profite des interventions de son père auprès du Roi (les a-t-il demandées?), il a des attitudes de hauteur aristocratique (son orgueil à la fin) MAIS, fondamentalement,

 -il s'attaque à la famille : il est l'épouseur du genre humain et fait du mariage une formalité vide. Il rejette la famille et en crée plusieurs. Il promet les épousailles aux deux paysannes. Sa cible c'est l'Institution sociale dont le mariage est le plus beau fleuron. Symboliquement, après des tentatives manquées, il veut enlever une future mariée (fin de I)

-Dj, dans le conflit avec son père, défie aussi sa classe, son Nom par son comportement scandaleux: il trahit père, nobles amis du père et confiance ou action du Roi (discours du père en IV)

-il pervertit l'échange social :

       -quand il fait répondre à Elvire par son valet grossier.

       -quand il n'a aucune reconnaissance pour son sauveur, Pierrot;

         -quand il promet (en III) à Carlos en sachant qu'il ne tiendra pas sa parole.

        -quand il maltraite le Pauvre (si vous le voyez ainsi).

        -quand il se joue méchamment de son gageur Dimanche (dire comment).

         -quand il n'honore ni les dettes financières ni les dettes symboliques (le père, dont il souhaite la mort)

Il ne pouvait que trouver la solution de l'hypocrisie : il trompe son père. Beaucoup moins Carlos.

Dj est parfaitement cynique : il détourne à son profit les valeurs qui cimentent la société dominée par sa propre classe aristocratique. Au plan social il est un parasite de sa classe et c'est sa plus grande contradiction, celle qui le rend  beaucoup  moins fascinant. Il ne délaisse pas les conventions quand elles servent ses intérêts.

»»»»»Dans le même temps il éclaire bien les contradictions morales des autres, souvent par son silence.

Sa valeur c'est le plaisir et son profit personnel. Mais il montre ici et là que ceux qui prétendent avoir une Morale la détournent aussi à leur profit : il montre au Pauvre qu'il n'est pas désintéressé et il fait énoncer à son père l'éloge de la noblesse d'un crocheteur ou mieux encore lui fait avouer  ses recours aux aides du Roi...Père qui redevient très (trop?)vite aimant et oublieux du passé de son fils quand ce dernier lui joue le rôle de l'hypocrite (début de V).

   =>Dj en bon libertin vit pour le plaisir (et songeons seulement à ce qui nous peut donner du plaisir I,2) et ne tient aucun compte de ce qui est supposé limiter, reprimer, condamner le désir.

  COMME LA MORALE SOCIALE d'alors (en dehors de la morale aristocratique) doit beaucoup à la morale religieuse, il est temps d'en venir au point le plus complexe.




LE LIBERTINAGE DE PENSÉE (étant entendu que nous sommes au théâtre et que le personnage n'a pas à faire des dissertations sur sa pensée comme pouvaient le faire les libertins dits  érudits comme NAUDÉ).



•LES DÉFIS RELIGIEUX: clef de voûte de tous les autres défis du burlador.

         nb: la composition de la pièce repose sur un parallélisme entre deux mouvements : on poursuit DJ à cause de ses abandons amoureux pendant qu'il court vers d'autres conquêtes; on avertit sans cesse DJ de sa fin terrible pendant qu'il multiplie les provocations  ou les signes de son indifférence ou son scepticisme radical.

  -DJ est libertin, aux dires de Sg (où?):

  -naturellement il raille toutes les superstitions : à vous (loup garou, Moine-bourru).

-en pratique DJ  bafoue ou les tient pour nuls (les ignorant donc) tous les articles du credo chrétien:

            *les institutions religieuses (couvent, mariage= mystère sacré dit Sg)

            *les vertus chrétiennes: la charité, le repentir, le pardon (tirade de l'hypocrisie (2ème partie))=éloge de la vengeance;) au contraire il péche souvent (luxure) et ne tient pas compte des Commandements (il tue, il n'honore pas père et mère, il commet l'adultère, il vole indirectement).

.

             *il transgresse les interdits :il valorise le corps et profane un mort.

               *il rejette d'un revers de main, face à Sg, le Ciel, l'enfer, l'immortalité de l'âme etc...Citez III,1

               *plus la pièce avance, plus le surnaturel se manifeste et plus DJ multiplie les blasphèmes ou ses appels à plus de preuves divines....


MAIS LA QUESTION ÉPINEUSE EST ÉVIDEMMENT CELLE DE LA CROYANCE DE DJ : croit-il? Quel rapport a -t-il fondamentalement au Ciel, étant donné que Sg et sa tirade initiale passablement confuse ne nous aide pas vraiment?Ne se dérobe-t-il pas dans la dispute III,1 avec Sg?

Esquissons quelques hypothèses :


   *certains pensent que DJ est hanté par Dieu qu'il provoque sans cesse et qu'il veut justement défier : il ne nierait pas Dieu mais Dieu comme source de valeurs étouffantes, liberticides. En pariant pour la vie et pour le plaisir au présent, DJ contesterait moins Dieu que l'effet dévastateur qu'apporte aux vivants l'idée  normative de Dieu (pensez à la critique du Commandeur qui a dépensé de l'argent pour sa statue au lieu de profiter du Présent). Dans cette hypothèse il y a du prométhéisme* en Dj, un côté libérateur et on peut alors, dans ces conditions, prendre au sérieux sa surprenante déclaration "pour l'amour de l'humanité". Comme il a de justes doutes sur la médecine de son temps, il désaliénerait ceux qu'il rencontre :  il les détacherait des illusions de l'imagination (populaire par exemple (Moine-bourru etc.).

    Ses provocations seraient prosélytes* si on peut dire : il voudrait convaincre chacun non de l'inexistence de Dieu mais de son impuissance (va, va le Ciel n'est pas si exact que tu penses(V,4)...).Il fait comme si la statue n'était qu'un simulacre fait pour le tromper.

   

    * l'hypothèse athée ne voit pas la pièce ainsi :

-fort de quelques convictions, on croit  deviner qu'il est matérialiste (façon Lucrèce) d'après la compréhension qu'en aSg (sa longue réplique au 2+2 cf mon cours: à vous), rationaliste.

 Tout à ses plaisirs, DJ ne se soucie nullement de Dieu au début de l'œuvre, malgré les avertissements de Sg. Il se dit que rien ne l'arrêtera : songeons seulement à ce qui nous peut donner du plaisir. Il ne prend pas vraiment part au débat théologique avec Sg (2+2=4 pouvant aussi être une boutade et, en tout cas ,il ne tient pas à s'expliquer) et avec les épisodes du Commandeur, il cherche des explications rationnelles en  bon sceptique (un faux jour) empirique. Quand il défie le pauvre c'est pour rappeler la férocité des châtiments contre le blasphème. Il admet tardivement qu'il y a quelque chose qu'il ne comprend pas mais ne songe pas à une autre explication. À aucun moment il ne va vers la statue en V: il part et ne veut pas l'affrontement. Ce qui pourrait passer pour des signes inquiétants de punition divine (quasi-noyade, confidence  - avertissement d'Elv, mouvement de la statue), il n'en tient pas  compte.

  Dans cette optique Dj va son chemin, fait le mal mais ne cherche pas Dieu. Jusqu'au bout, il nie l'évidence, soupçonne un piège. Dieu vient à lui mais lui ne va pas à Dieu. Il ne défie Dieu que par son acceptation de la Mort & par le refus du repentir. On peut imaginer un AH 
qui serait encore de défi  (cf le cours)

     *hypothèse plus psychologique que théologique : Dj déteste les obstacles et en même temps les cherchent pour pouvoir prouver sa capacité de transgression, son pouvoir. On sait que le désir de la future jeune mariée lui est venu par JALOUSIE. Entre la femme et lui , il peut y a voir un homme, un élément sacré, une institution :entre son désir et sa jouissance il lui faut un barrage qu'il ne rêve que de renverser;Dieu devient alors le symbole de ce
tout qui fait  obstacle. Son libertinage de façade masque une perversion notoire quant à la Loi (mais là c'est la psychanalyse qui doit parler: ce n'est plus notre propos). Il a besoin de Dieu, de le provoquer, pour pouvoir se hisser avec orgueil au-dessus de tous et de rêver à d'autres mondes, comme Alexandre. D'où son goût exalté (et suspect) pour la Force, la domination.

le grand défi de DJ, ce qui en fait un baroque : LE DÉFI MÉTAPHYSIQUE.Mais dans ce cas Dieu n'est pas l'enjeu du défi.

 DJ défie la Vie. Il veut être pleinement, il souhaite être l'artiste de sa vie en épousant chaque seconde et en refusant tout désagrément. Homme de tous les instants, homme de la rupture, du départ permanent, il rêve chaque instant comme un commencement pur.

C'est peut - être le JEU qui définit le défi de DJ. Jeu pris dans un sens fondamental : jouer sa vie, la vie, vivre l'excès, la consommation avant la consumation (d'où la référence à Sardanapale). Ce qui ne va  sans cruauté et sans indifférence pour autrui....

L'originalité de Dj serait alors d'agir comme le devinait avec angoisse Sg : sans rien croire mais en faisant confiance au savoir  ( 2+2=4). La Raison naturelle se passant alors de foi.

cl: finir peut-être sur le défi de Molière qui osa une pièce qu'il lui fallut vite tronquer puis retirer de l'affiche et qu'il n'édita jamais.
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24 octobre 2008 5 24 /10 /octobre /2008 17:48




                         DÉNOUEMENT DE DJ


INTRODUCTION:

    -GÉNÉRALE: à vous

    -particulière : Dj a révélé à Sg sa conversion de façade (tirade de l’hypocrisie) : il a dupé son père et il vient de tenter de duper Carlos (il prétend même avoir parlé à Dieu) et lui a donné ,comme à contre-cœur, un rdv aux abords d’un couvent. Dj s'éloigne alors et n’a pas du tout l’intention de se rendre au rdv de la statue quand une voix retentit (lire les deux dernières répliques de la scène V,4).

[QU’EST-CE QU’UN DÉNOUEMENT? L’action dans une pièce est dénouée quand il n’y a plus d’obstacles: il est accès à une situation stable, heureuse ou malheureuse, après des luttes de forces antagonistes qui constituent le nœud. Au XVIIème on parle aussi de catastrophe.
Dans la tradition  récente du XVIIème, un dénouement doit être nécessaire (le hasard est banni), complet (tous les sorts des personnages sont réglés) et rapide. Une des traditions communes à tous les genres consiste à rassembler le plus de personnages possible pour la fin de la pièce.Ce que font beaucoup d'auteurs mais pas M.]

LECTURE

ENJEU DE LA LECTURE : quel est l’apport de M à un dénouement faisant partie des éléments fondamentaux de l'aventure du burlador.

ANNONCE DE VOTRE PLAN

LECTURE ANALYTIQUE.


I. UNE SCÈNE ATTENDUE, TRAITÉE DE FAçON  ELLIPTIQUE :

    a) M obéit à une contrainte de réécriture inhérente à ce qui est en train de devenir un mythe: depuis Tirso, DJ meurt au cours d’un repas dans une chapelle et se voit absorbé par les flammes.
Main tendue, feu, intervention surnaturelle, disparition, telles sont les contraintes.

   Le DJ de Tirso demandait au dernier moment la grâce en assurant de son repentir  mais en vain. Ce canevas peut changer dans les détails (DJ doit se marier le soir même et il s’agit d’une statue  de don Gonzalo chez Tirso ou  d'une Ombre chez Villiers  & Dorimond)) mais pas dans son ensemble. Le XIXème et surtout le XXème l’abandonneront parfois ou la travestiront.

[ E. Rostand, celui de Cyrano, fait de DJ une victime du diable qui n'a même pas droit à l'enfer. qu'il réclame pourtant..(Rostand a la belle idée de 1003 Ombres qui se moquent de lui); chez Max Frisch, DJ est usé, reconnaît que ses provocations ne servent à rien et fait mine de disparaître selon la tradition (pétard et fumée) avant d'aller vivre avec une femme qui lui donnera un enfant) ;chez Montherlant (dans LA MORT QUI FAIT LE TROTTOIR (1958)), la statue vient manger chez DJ (tout sauf des petits pois), mais le burlador veut le tuer à nouveau, lui coupe la tête d'où sort un chef de Carnaval: tout n'était que farce : seule la mort (DJ met un masque qu'il ne pourra plus enlever) gagne.]

    Dans tous les cas Sg (Catilinon chez Tirso) est présent.


    b) M se démarque déjà par son traitement elliptique :

-il est vrai que Tirso montre une disparition de DJ  dans une scène assez rapide mais que M réduit encore.. Les DJ de Dorimond et de Villiers voient un DJ affichant son courage de révolté avec de longues tirades. L’ombre chez Villiers est très bavarde. Chez M, les personnages surnaturels parlent peu. Point de prêches, de discours moraux SINON cette phrase = CITEZ: Dom Juan, l'endurcissement au péché (en)traîne une mort funeste, et les grâces du Ciel que l'on renvoie, ouvrent un chemin à sa foudre.

-M abandonne l’idée de repas vraiment offert et consommé comme le suggérait Tirso (ni tombeau, ni table de Guinée, ni sièges, ni pages, ni scorpions ni vipères, ni chanson  ni ragoût d’ongles noirs....). Il va à l’essentiel : on sait bien que tout est symbolique et qu’il ne s’agit pas de souper. DJ donne sa main et tout est alors fini. [C’est Mozart qui reprendra génialement des aspects anciens (repas commencé mais chez DJ) dans un autre contexte.]

-l’ellipse s’appuie aussi sur une volonté d’imprécision dans le traitement de l’espace : rien de Tirso : pas de mausolée, d’église. Un espace indéfini, presque vide, entre ville et campagne.

     M a choisi la rapidité et a refusé l’anecdotique : et pourtant il a réussi à placer un ajout, en dédoublant les personnages de ses prédécesseurs : il garde et la statue de pierre (loi à la fois 
paternelle, royale, divine) et le spectre feminin. [On sait que M ne met pas de lien de  parenté entre  Elvire et le Commandeur tué par DJ : il y a dans les autres versions une femme qui est fille du mort .]

   Il nous faut poursuivre et découvrir d’autres originalités de M. Tout en cherchant la brièveté même, il fait que  cette scène s’appuie sur une dimension visuelle de première importance. Examinons maintenant


II- Un dénouement pourtant SPECTACULAIRE qui souligne la résistance de DJ

    a) le  merveilleux chrétien rehaussé d'un certain baroque* tardif sert le spectaculaire d’une pièce à machine*.

-il prend des formes successives :

    -le spectre...>la voix
                ...>il change et devient incarnation du Temps
                 ...il s’échappe

    -la statue de pierre selon les archives  fait de 6 à 8 pieds de haut:double du mort, elle  parle et vient au devant de DJ alors qu’à l’acte III elle ne bougeait que la tête et qu’au IV elle avait peu de mots à dire au cours de la parodie de repas proposé par le burlador.


    - merveilleux encore avec la disparition de DJ (
lisez la didascalie) avec force effets visuels et sonores (signalez la curieuse répétition de grand): tonnerre, éclairs. Le lumineux l'emporte. Dj est puni de l’intérieur et de l’extérieur (par un double feu : expliquez).

Mais Molière  ne se contente pas de ce merveilleux et le dépasse largement.


    b) ce spectacle est traité en grand dramaturge :

[LAISSEZ TOMBER SI ON NE VOUS ENNUIE PAS LÀ-DESSUS:

-on note tout d'abord la variété des registres:le merveilleux (monde où tout est possible sans choquer personne) / le fantastique (monde de signes qui sont problématiques et qui inquiètent : Sg est dans le merveilleux, Dj s'affronte à un supposé fantastique qu'il prend
d'ailleurs pour comédie), le comique (Sg), le tragi-comique*, le pathétique (me semble-t-il de Sg dans ses derniers mots entendus de façon trop comique par la tradition)]

-il souligne la question du Temps: le temps presse dans un espace indéterminé (car Dj n’allait pas voir la statue) : les avertissements tombent sans cesse et l’urgence est évidente:citez

    -il reste un moment

    -s’il ne se repent ici, sa perte est résolue

    -devant tant de preuves Sg lui demande de se jeter vite dans le repentir.

-le spectaculaire est parfaitement  intégré à la logique de sa pièce : il  est le résultat de toutes les étapes et de toute la progression. Tout prend sens. À commencer par les symboles connus.

    -nous ne sommes pas surpris par l’intrusion du comique, du moins celui de la scène 5 : Sg est fidèle à lui-même: il avertit  comme tout au long de la pièce (citez après la tirade du séducteur(I,2) "les libertins ne font jamais une bonne fin") et en même temps fait rire à un moment qui ne s’y prête guère (Ah, Monsieur, c'est un spectre, je le reconnais au marcher).

    -le spectre (souvent joué/dit par l’actrice d’Elvire) symbolise toutes les femmes (il les résume toutes) et le voile renvoie à tous les tabous violés (vœux de nonne, mariage); le spectre caché affronte l’homme du masque, le comédien par excellence (qui vient d’annoncer son dernier rôle : hypocrite).

    -le spectre  change sous nos yeux : sous les yeux de celui qui changeait tout le temps ; devenu Temps, il désigne tout le désir (baroque) de DJ  qui était d’épouser le Temps, de se plier au changement permanent.

    -la pierre, froide en principe, foudroie soudain celui qui était d’une grande froideur calculatrice sous l’apparence solaire d’un amoureux qui feignait le feu de la passion.

    -le tranchant de l’épée de celui qui faisait et défaisait les nœuds s’oppose au tranchant de la faux qui annonce la mort...inéluctable sans repentir

=>    M nous offre en peu de mots, en peu de temps une magnifique rencontre autour de l’homme du mouvement: tout bouge soudain;  autour de l’homme du changement, les spectres se changent. Tout bouge sauf soudain...DJ

    -le sommet du dramatique, de la discrétion et de la profondeur est dans “ arrêtez, DJ”: l’homme de la course se voit arrêté, pour toujours. Il venait de dire ALLONS : l’homme de l’allant, de l’élan est définitivement immobilisé.


    »enfin la cohérence dramaturgique de M apparaît encore mieux avec le geste et la parole :

-le C demande la main de Dj, geste que ce dernier faisait avec tout le monde (femmes, Dimanche);

-il demande à DJ s’il tiendra parole, piège que le burlador tendait tout le temps : la parole était son piège par excellence. La statue le prend à son propre piège et lui lance un défi qui réveille l’orgueil du noble. Celui qui pervertissait le contrat oral accepte un pacte qui va devenir punitif et infernal. 
 

    => Une tension dramatique croissante aboutissant à une mort spectaculaire qui est le point de convergence de toute la pièce :
oui, mais grâce à une résistance elle aussi spectaculaire =>

   

    c) le spectacle met ainsi  en valeur la réaction de  Dj :

    Sa résistance est indéniable : DJ lutte encore à tout prix. Il n’abandonne pas. Nous sommes loin de Tirso et de son repentir. Loin aussi des DJ de Dorimond et Villiers qui montraient un affrontement violent mais bavard entre un homme inquiet chez Dorimond, athée, un révolté luciférien chez Villiers et le représentant de Dieu.

    La résistance de DJ est sur deux plans : citez V,2:convaincre mon esprit , ébranler mon âme.

        -1-la réaction intellectuelle (
convaincre mon esprit) : il résiste en  libertin  rationaliste et sceptique. DJ reste un esprit fort jusqu’au bout :l’homme de la comédie semble même suspecter une comédie.


Renvoyez au texte :
    -Spectre, fantôme, ou diable, je veux voir ce que c'est. Il ne croit qu’au concret, au tangible.
    -il se sert de son épée pour éprouver comme un savant (et je veux éprouver avec mon épée si c'est un corps ou un esprit)
    -il reconnaît cette voix : on me joue, on se joue de moi.

             -2-le refus de l’âme:

    -Non, non, rien n'est capable de m'imprimer de la terreur: Dj refuse une conversion qui s’appuie sur la peur : il veut une adhésion de l’esprit. En disciple  de Lucrèce il considère que Dieu n'est que le produit de la peur des hommes. On veut le terroriser : il ne saurait céder.


    Avant d’en juger on ne peut que noter la cohérence de DJ qui  affronte la Mort en la regardant en face. Il nie sans cesse. Presque jusqu’au bout DJ dit NON, il est l’homme du NON.

-Non, non, rien n'est capable etc..
   
-Non, non, il ne sera pas dit, (on constate ici une réaction d'immense orgueil) quoiqu’il arrive que je sois capable de me REPENTIR. Il ne joue pas, il a oublié l’hypocrisie.


    => Ce qui rend encore plus mémorable son OUI et son “Où FAUT-IL ALLER ?” dit comme naturellement, comme si tout allait de soi ou dit avec la fermeté d'un défi. Pour une fois, il joue l’échange jusqu’au bout. S'il n'a jamais tenu aucune promesse, on se dit qu'ici au moins il s'engage comme dans un contrat avec lui-même.

Dj devait manger avec le Commandeur : il est avalé par la Terre et les enfers.



  => Il reste alors à interpréter  son attitude rendue de façon aussi  frappante : courage, scepticisme, aveuglement?

On va voir que cette

III) FIN  CONTRIBUE ENCORE AU MYTHE par  les lectures plurielles qu'elle provoque.

    a)une lecture chrétienne, édifiante est possible : l’ange maléfique est éliminé pour son aveuglement, son entêtement. Lire la phrase du Commandeur statufié : DJ, l'endurcissement au péché....etc.La théologie est respectée : l'endurcissement au péché est une faute gravissime alors et surtout DJ n'a tenu compte d'aucun avertissement:il n'a jamais voulu entendre les avertissements et menaces énoncés par Sg et surtout Elvire (à vous; où? INSISTEZ: MONTREZ VOTRE CONNAISSANCE DU TEXTE.); il n’a pas voulu deviner sous le naufrage, dans la rencontre du Pauvre et son refus, des indices de la présence du Ciel. Il a blasphémé en lançant son invitation au Mort. Ici même, devant le spectre, il sort l’épée. Dieu existe, il est patient et Dj était libre jusqu’au bout de choisir la bonne voie. Celle du vrai repentir.

  Il est alors inévitablement condamné pour son orgueil & son entêtement, son obstination envers le surnaturel indubitable. En restant étranger au mystère, à la Grâce, il se condamne.


    b) les chrétiens orthodoxes de l'époque n'ont pas admis cette fin, pas plus que toute la pièce :ils ont suspecté M de bien des choses et une critique très fine a circulé sous un nom d'emprunt ROCHEMONT : sa polémique s'intitulait  OBSERVATIONS SUR LA COMÉDIE DE MOLÈRE INTITULÉE LE FESTIN DE PIERRE (vous avez sûrement des extraits dans vos éditions (à la fin peut-être)).

- sur la scène, ils n'ont pas vu le pécheur insouciant de Tirso, les athées bavards et monstrueux  de Villiers et Dorimond (chez ces derniers Dj est un jouisseur brutal, un criminel endurci qui frappe et injurie son père, le fait mourir de chagrin, tue froidement le père de sa femme etc), et malgré l'incontestable NOIRCEUR du Dj moliéresque, ils  ont cru sentir une héroïsation, y compris dans ce finale. Héroïsation d'un personnage clairement exhibé comme anti-héros par les prédécesseurs, d'un personnage écrit par eux pour être détesté et blâmé.

 En effet si on peut le voir entêté, on peut aussi le voir courageux : ainsi son oui. Ils ont voulu comprendre que M grandissait le rebelle  jusqu'au moment de mourir.


-en outre cet appel au merveilleux, ces manifestations spectaculaires, presque surjouées, surthéâtralisées ressemblent plus à la foi du moine - bourru de Sg qu’à une manifestation sacrée: on a soupçonné M de pratiquer ici l’éloge paradoxal (si fréquent dans la pièce) du merveilleux chrétien. Ils l'ont accusé M de faire du merveilleux pour le rendre ridicule et peu plausible car trop voyant. Pire : les libertins pouvaient certes comprendre un allusion au stéréotype de l’enfer mais aussi au feu des bûchers dont furent victimes des esprits libres  comme Vanini par exemple*.

-mais c'est surtout  la réaction du  soi-disant "défenseur de la religion "qui a  choqué :la véritable cible des adversaires de M et sa pièce, ce fut SG : dans une oraison funèbre finale vite censurée (empruntée à une version italienne, à Cicognini :"Mes gages!Mes gages!Il faut donc que j'envoie un huissier chez le diable pour avoir mes gages."), celui qui devait faire pendant aux atrocités de l'athée (ce qu'il est aux yeux de ces censeurs orthodoxes) ne tient aucun compte de ce qu'il vient de voir : il ne s'incline pas devant l'action  de Dieu, n'est nullement  édifié par ce geste immédiat miraculeux.... mais n'a en tête que son problème d’argent. Le Ciel  élimine DJ et  Sg demeure bien terre à terre, prosaïque, incapable d'élévation d'âme... M censura ces mots répétés qui faisaient rire et se contenta de lui faire constater la satisfaction de tous sauf la sienne, puni peut-être pour l'avoir trop suivi..


c) que choisir ?

C'est très délicat et c'est une liberté aussi qui nous est laissée, même si nous sommes menacés par des anachronismes.
  
  Il évident que M, dans les circonstances qui sont les siennes (poète proche du Roi) ne peut s'en prendre à la religion en général et c'est sa carrière qui se joue. Même s'il est assez proche de libertins, comme toujours, il condamne  les extrêmes, et ici les deux extrêmes sont le faux dévot venu de Tartuffe et placé dans la tirade de l'hypocrisie ou le croyant superstitieux  du type de Sg et le libertin  fanatique qui nie même l’évidence et ne va pas au bout de sa liberté puisqu'il parasite une classe dont il se sert et puisqu'il méprise presque tout le monde ce qui ne saurait satisfaire M.


En même temps, volontairement ou pas, M a prêté tout son talent à Dj qui (malgré la noirceur indéniable qu'on constate souvent  MAIS elle est BIEN MOINDRE QUE CHEZ VILLIERS ET DORIMOND) garde une séduction qui a passé le temps et a trouvé de nouveaux échos dans des contextes différents.

    Avec un tel finale, M, beaucoup plus que d'autres de ses contemporains, ouvre bien des voies passionnantes dans lesquelles il ne se reconnaîtrait pas forcément:

-dans ses contradictions même, malgré sa cruauté,  Dj incarne un horizon de libération individuelle que les siècles suivants entendront..Refus de la norme religieuse (du repentir, de la honte), refus de la norme morale commune.

-on peut aller plus loin : il y a chez lui une recherche de l'excès qu'il parle bien à la société moderne. Il va à la mort sans crainte et c'est au défi de la vie dans toutes ses formes qu'il répondait: la mort comprise. De façon anachronique ouvertement, on en a fait un dandy baudelairien qui acceptait la mort pour trouver du nouveau (dernier mot du dernier poème des FLEURS DU MAL).

-ainsi certains metteurs en scène feront de ce AH final un ultime cri de révolte (ah de l'acteur montrant le poing) et non de punition reconnue.D'autres un AH d'extase....

  [ON VOUS DEMANDERA VOTRE AVIS. PRÉPAREZ BIEN LA DÉFENSE DE VOTRE CONCEPTION avec le cours sur les défis de DJ.

  ON POURRA AUSSI VOUS DEMANDER QUELLE SERAIT VOTRE MISE EN SCÈNE : pensez que tel metteur en scène montrait derrière et dans la statue les frères de Carlos...ou Chéreau qui fit du Commandeur un envoyé quasi-policier du Roi...]


cl: voilà bien une fin attendue, annoncée depuis le début de la pièce et qui surprend tout de même. Mélange de merveilleux chrétien et de baroque à une époque où le théâtre ne l'était plus, mélange de comique, de tragique, elle laisse le spectateur indécis et on continue à se battre sur son sens dans la critique. DJ est éliminé certes mais la fascination qu'il inspire n'a pas pour autant cessé.



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22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 16:45


               
Introduction :

     -situation générale : dire à peine deux mots de l’affaire Tartuffe sur laquelle le cours qui suit revient largement.


    -SITUATION DANS LA PIÈCE:après l’acte des "visiteurs du soir"(IV) et les menaces du Commandeur, DJ décide soudain de jouer les dévots, DE DEVENIR UN FAUX DÉVOTS, semblable à ceux qui ont attaqué le TARTUFFE. Il a commencé avec son père, SG l’a cru et  il va maintenant expliquer les raisons de sa fausse conversion.

LECTURE de ce texte hautement polémique*.


MOUVEMENT DU TEXTE dans son entier :

    1-du début _______>tout ce qu’ils peuvent faire:  défense et analyse des avantages de l’hypocrisie: propos généraux.

    2-c’est sous cet abri---------> fin : DJ dessine par anticipation sa vie de faux converti.

Nous ne commenterons que la partie “théorique” (1) de l’analyse.

ENJEU DE LA LECTURE: l’éloge paradoxal de l’’hypocrisie ne figurant ni chez les prédécesseurs ni chez les successeurs de notre auteur, pourquoi Molière apporte-t-il cette inflexion originale  au mythe de DJ, étant donné qu’il s’agit de la tirade la plus longue, la plus violente de la pièce?

ANNONCE DE VOTRE PLAN en lecture méthodique.

[Rappelez que le public cultivé alors connaît par la théâtre deux conversions célèbres et véritables : le VÉRITABLE SAINT GENEST de Rotrou (1646/48) et POLYEUCTE de Corneille (1642).]







    1) UN TEXTE DE “CIRCONSTANCE” fondé sur un éloge paradoxal : L’AFFAIRE TARTUFFE ET SES SÉQUELLES.

     Un texte doublement de circonstance

    •a• dans la pièce : Dj le dit clairement : poursuivi, harcelé il va par opportunisme et sens de l’adaptation choisir un stratagème : il jouera au saint homme. Il a déjà commencé avec son père en lui faisant croire à son repentir (citez aussi la phrase de la réplique assez longue qui précède : PURE POLITIQUE, STRATAGÈME, GRIMACE...).


    •b• de la pièce : ce texte est une parabase* originale : Molière prend indirectement la parole et règle ses comptes.

    Il évoque cette affaire :

-explicitement en plusieurs lieux de la tirade : citez :tous les gens du parti; hors de notre extrait il parle de cabale;

-implicitement quand il fait allusion aux faux repentis (QUI ONT RHABILLÉ ADROITEMENT...): il vise d’anciens libertins tardivement convertis et devenus d’ardents dévots (on a pensé au prince de Conti).

    Notons l’habileté de Molière : : il concède que parmi les dévots il en est de sincères et il ne les attaque pas : simplement il montre qu’ils sont les premières dupes..(ceux ..de bonne foi...véritablement touchés...).

    •cce texte s’appuie un éloge paradoxal :

c1

-=éloge de  ce qu’on blâme à l’accoutumée.

-rappelez d’autres éloges paradoxaux dans la pièce (tabac, inconstance): éloge inversé qui donne lieu à un véritable  cours d’amoralité.

-ici comme ailleurs mais pour des raisons très personnelles, Molière prête tout son talent à DJ pour célébrer ce qui est à ses yeux le Mal absolu.


        Pour le prouver il suffit de regarder


•c2• la rigueur de l’argumentation: reconstituons son développement (citez à chaque fois le texte).

*thèse : l’hypocrisie a de merveilleux avantages. A priori une hyperbole dont il va montrer la réalité.

[allez vite, dégagez l’essentiel: on jouit comme avant mais à petit bruit et sans risque, car on commande aux autres. On a sauvé sa liberté.]

        

        -Pourquoi? Originalité : elle est inattaquable et c’est le seul vice dans ce cas. L’hypocrite continue à jouir en repos. On demeure souverain dans ses plaisirs.

        -comment (méthode)? On se crée des alliés à son image :c’est un moyen de convaincre et séduire les autres dévots et de les faire agir à notre place. [Art de la concession (vu supra)].Même les sincères nous aident en croyant à nos grimaces.

        - on peut le prouver, il y a des exemples célèbres.

        -il conclut en reprenant ce qui l’intéresse le plus, avant de passer à son cas : avec ce bouclier de la fausse croyance, tout est permis. Une comédie médiocre suffit.


c3• prouvons aussi la dimension persuasive de ce discours:

        -l’hypocrisie est personnifiée (sujet du verbe) et plus loin elle a même un corps, une main: nous sommes presque dans l’allégorie exposant le pouvoir effrayant de cette entité qui interdit toute dénonciation.

        -par le jeu sur les pronoms (surtout ils ) les hypocrites ne sont pas nommés, ils forment une sorte de société secrète qu’on n’ose presque nommer.
       
        -l’insistance sur tout complète ce point : tout le monde; tous les gens du parti; tous sur le bras ;

        -le nombre de faux dévots fait peur dans la question rhétorique de DJ à Sg. À vous.



    2) avec cet autoportrait de DJ en dévot , M nous livre UN TEXTE POLÉMIQUE qui ne vise pas seulement quelques dévots : texte au présent de vérité générale, c'est déjà beaucoup dire.

M dénonce tout d‘abord

    a) les vraies raisons de l’hypocrite, son unique but : par sa déclaration qui ne prend à témoin de son secret que  le seul Sg, (capital) DJ éclaire (et Molière avec lui) les vrais mobiles des dévots, à commencer par ceux qui ont fait “interdire” Tartuffe: le plaisir, le plaisir à faire le mal.

        -Dj devenu (faux) dévot ne change rien à ses “affaires”; simplement il les fait en secret : le faux dévot est un hédoniste qui ne dit pas son nom et se cache.

        -loin d’être altruiste, le faux dévot ne songe qu’à lui et n’a pas le sens du sacrifice du croyant sincère. L’hypocrisie permet d’être le plus méchant homme du monde.

                -après notre extrait, l’idée de vengeance s’impose (citez vite la fin avec l’effet boule de neige de la calomnie) et elle est loin de la miséricorde chrétienne.

    =>grâce à la conversion de DJ, Molière dénonce l’amoralisme fondamental des apparents moralistes rigoristes qui en font trop parce qu’ils ont trop à cacher.

M met aussi en avant 

    •b• les moyens de l’hypocrite

           •b1un art de l’apparence : l’acteur

-donnez l’étymologie du mot hypocrisie (masque d’acteur) : qui a donc à avoir directement avec le théâtre. Il parle d’art au sens de technique. Le mot JEU est là, le mot PERSONNAGE est répété.

- c’est une technique du corps, l’imitation de gestes qui sont autant de signes:

    -baissement de tête pour exprimer l’humilité;

    -un soupir mortifié : pour qu’on entende bien sa plainte d’avoir un corps qu’il doit combattre à force de mortifications.

    -des roulements d’yeux : sûrement tournés vers le Ciel pour montrer son unique préoccupation.

       =>nous croyons voir en personne son Tartuffe.

-Dj emploie des métaphores axées sur le paraître et le vêtement (rhabillé; manteau ; habit respecté)

-on n’est pas surpris de découvrir le mot grimace ( cf TLF le mot est employé pour désigner de façon dépréciative: le comportement conventionnel d'un groupe ou d'un rôle social, les attitudes affectées par une personne hypocrite ou que l'on soupçonne d'hypocrisie, les conduites manquant de naturel ou de sincérité), mot qui vient de masque: il désigne moins les contorsions du visage que la mine qu’on affecte.

    •b2un art du langage : cette tirade en est l’illustration parfaite. On a vu que sa faculté d’argumentation se réfléchit ici (mais plus encore dans la suite de la tirade):

On reconnaît sa facilité à

        -utiliser des registres de langue divers : au milieu de sa belle éloquence il peut s’abaisser au  familier (se jette sur les bras; donner dans le panneau (vocabulaire cynégétique)); il sait appuyer son discours d’adverbe très insistants (hautement, aveuglément etc.)

        -employer l’adverbe toujours en des moments décisifs.

        -filer la métaphore : théâtrale, on vient de la voir; guerrière, on y revient;
 
        -utiliser à des moments cruciaux le lexique de la connaissance, du savoir impuissants. Citez.

        -à s’approprier un vocabulaire qu’il n’est pas le sien et qui est vide de sens pour lui. Le religieux: bonne foi, touchés...

=> le langage pour lui servira encore et toujours  à séduire et à intimider voire éliminer (fin de tirade).

        

    •c• un portrait qui dépasse bien la seule affaire Tartuffe:


    Récapitulons les cibles d’attaque :

-les adversaires immédiats de M: la confrérie du Saint-Sacrement;

-les faux dévots en général et pas seulement  ceux de la compagnie du Saint - Sacrement: DJ/M montre que les naïfs en sont victimes ; inversement il montre que les lucides sont impuissants;


- en moraliste, M indique que la société soutient le vice et d’autres vices à la mode (maintenant);  l’insistance sur la mode désigne la superficialité de ce monde qui joue aussi de l’apparence, du changement.

-cependant il me semble aller plus loin: il y a dans le scénario pensé par Dj une violence (à peine) latente qui fait écho à un malaise de l'auteur.

   Devant nous et Sg,  Dj rêve d’une sorte de "guerre secrète" contre la société car les dévots ont une force d’intimidation et de répression inouïe ; on comprend mieux son emploi du vocabulaire militaire: il serait en quelque sorte un général de l’ombre avec l’hypocrisie comme  arme défensive (bouclier) et offensive (seconde partie de la tirade); avec un objectif : détenir un  pouvoir d’autant plus fort qu’il est dissimulé ; DJ a sa loi souveraine, il se met donc au-dessus du Roi...Je pense que M suggère une dimension politique que prouvera la fin de son TARTUFFE  quelques années plus tard (troisième version en 69 : Tartuffe allant dénoncer au roi Orgon et sa famille...J'ai résumé Tartuffe: il me faudra le refaire pendant les révisions).

 
Le mot religion ayant rapport à ce qui fait lien (religere), l’hypocrisie religieuse est un danger extrême car elle peut pousser à constituer une société dans la société et protéger des menées qui dépassent la religion même et touche au Pouvoir.

L’adversaire est donc de taille. Quelle peut être la parade?

À sa façon, ce discours est un vibrant éloge du THÉÂTRE.


3)UN PLAIDOYER POUR LE THÉÂTRE: pour la moralité de la comédie

    a) il faut savoir que la religion a souvent contesté l’idée même de théâtre : le débat est ancien (saint Augustin) et contemporain alors : les Jansénistes l’attaquent, dont Nicole dans un très grand texte. Molière a été victime des dévots qui le mettent  violemment en cause et dénoncent sa nuisance.

    b) Dj sur scène joue la comédie et décide de se faire personnage: contre le danger d’une société abusée par un tel homme, il faut montrer les vices, la comédie des vices. Le théâtre est le lieu de l’artifice qui manifeste la vérité.

Dans le théâtre du monde (the world is a stage de Shakespeare, vieille idée du theatrum mundi dont raffole la comédie espagnole)) les spectateurs initiés par la pièce Tartuffe et par cette conversion hypocrite deviendront lucides. Seuls la littérature (La Bruyère, plus tard) et le monde du théâtre  sont capables de rendre visibles les vices. S’en prendre à la comédie c’est avoir quelque chose à cacher..

CL= cette tirade est la dernière touche au portrait du burlador : il apparaît en condensé comme

-brillant orateur
-analyste et fin observateur de son temps (citez la fin de la tirade entière (aux vices de son siècle));
-opportuniste et stratège;
-cynique qui s’apprête à jouer la vertu;

 
Au moment de prendre le masque, Dj permet à Molière d’arracher le masque  des faux dévots et plus largement d’une certaine société.

 Le héros rebelle en sort-il indemne? À vous de répondre. En tout cas la cohérence de M est totale : il a pris TARTUFFE en amont pour expliquer comment on devient un Tartuffe....

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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 07:41
        ELVIRE (IV,6) SI HORS-LISTE : son “APPARITION”

intro:
    -générale
    -particulière : à vous (où sommes-nous? Cette visite vient après d’autres, lesquelles?LA LOGIQUE ÉCONOMIQUE; LA LOGIQUE FAMILiALE ET CELLE DE LA LOI ). Dire deux mots, pas plus, sur la venue d’Elvire à l’acte I: qui est-elle?

-je fais toute la scène : on risque de vous interroger plutôt à partir de “C’EST CE PARFAIT ET PUR AMOUR”. Les commentaires sont les mêmes.

Lecture.

Enjeu de la lecture : quel est le sens de la démarche d’Elvire dans cette scène tragique, le sens de ses derniers mots avant le silence d’une retraite? Dire que cette tirade n’a aucun équivalent dans l’œuvre de Molière.


Annonce du plan.

* Rappelez que DJ emploie souvent deux tactiques : le silence ou l’éloquence. Voyons aussi quel sera son choix.


1)UN  DISCOURS
(mot employé par El-citez) ÉMOUVANT  qui veut convaincre et persuader en se fondant sur trois moments du Temps:

    a) convaincre:
•une tirade ample (beaucoup de phrases binaires ou ternaires, elles -mêmes construites sur des éléments binaires et ternaires; faites rapidement une analyse du mot TOUT dans :



Le Ciel a banni de mon âme toutes (adjectif) ces indignes ardeurs que je sentais pour vous, tous( id) ces transports tumultueux d'un attachement criminel, tous ces honteux emportements d'un amour terrestre et grossier, et il n'a laissé dans mon cœur pour vous qu'une flamme épurée de tout le commerce des sens, une tendresse toute sainte, un amour détaché de tout (pronom indéfini), qui n'agit point pour soi, et ne se met en peine que de votre intérêt.
)

Deux totalités  (qui prouvent le caractère entier, extrême  d'El) ont été opposées: l'une l'a emporté.



• une tirade  très articulée (1- ce n’est plus..cette Done Elvire.... c’est 2- ce parfait et pur amour..; 3-MAIS...;4: envoi : de grâce,.... ),

• tirade dominée par de constantes antithèses (à vous : terrestre / pur etc.).

   b) persuader :

-elle cherche à faire deviner (voir) en imagination ce qui attend DJ: précipice où vous courez.

-voulues ou vécues malgré elle, elle met en valeur ses ...larmes. Jouvet qui voit en elle une envoyée céleste, une apparition divine, parle de suavité de la phrase d’Elvire.

-plus la tirade avance (j'y reviens) plus elle parle d'elle.

    c)comme moyen de pression (citez pressant), à la fois pour convaincre et persuader, une utilisation évidente des axes  du Temps :

-le passé est révolu.Citez vite fait.
-le présent est urgent: citez “ prête de tomber sur vous, prompt repentir “
-l’avenir qui se dessine : elle entre à nouveau au couvent (retraite) et Dj est menacé de mort (citez les périphrases qui désignent la mort= par exemple "supplices éternels..".).

        Elvire cherche à presser (pas encore un jour) DJ en l'effrayant. Au nom d’une mue ultra-rapide =>


2)UNE  ELVIRE MÉTAMORPHOSÉE:”vous me voyez bien changée de ce que j’étais ce matin”.

    De la nuit du corps et de la passion à la Lumière spirituelle...

    •  transformation extérieure: cet équipage: on la vêt souvent en religieuse à cause de la phrase de Ragotin (dame voilée) alors que DJ parle en IV,7 de négligé...

    •intérieure : il y a eu passage éclair d’une Elvire à l’autre:

-celle du passé récent (dont elle parle à la troisième personne):

        *rappel du premier acte. Celle qui “NE RESPIRAIT QUE VENGEANCE” (citez quelques phrases du premier acte, scène 3)

        * elle évoque ce qu’était son attachement pour DJ: terrestre, sensuel (“commerce des sens”), grossier, agité (“tumultueux”, emporte);

-celle de l’Instant : celle qui a entendu le Ciel (m’a INSPIRÉ), a reçu une sorte de Grâce (citez le mot et ses occurrences) et n’éprouve qu’un amour divin avec seulement UNE FLAMME ÉPURÉE.

        *le vocabulaire moral et religieux de la condamnation  domine :

-criminel; honteux; folles pensées; veut expier; aveuglement ; passion condamnable.

    #l’antithèse qui domine ce discours sur ce plan est celle de l’ATTACHEMENT (rejeté) et du DÉTACHEMENT (citez).

  Avons-nous affaire à une une transfiguration de l’amour?

3)UNE DÉMARCHE AMBIGUË  QUI NE PEUT ÊTRE ENTENDUE COMME ELLE LE VOUDRAIT :
   
SI CE (a) POSE PROBLÈME VOUS LE JETEZ AUX ORTIES.

 a)Elvire n’est pas sans ambiguïtés (pardon à Louis Jouvet): ce qui n’exclut pas la sincérité.

-elle parle beaucoup d’elle, elle met sans cesse le JE et le MOI en avant;elle répète souvent les mots évoquant  ses erreurs, son passé qui visiblement ne passe pas : elle emploie tout de même le verbe chérir.

-qu’a-t-elle besoin de savoir ce que devient DJ quand sa vie doit se passer en prières? Une retraite dépendant d’une condition, est-ce un bon commencement?

-pourquoi parler de JOIE INCROYABLE (mais on peut défendre ce “cri” par un amour charitable) ?

-commentez l’admirable épiphore*(opposée de l'anaphore) : que vous, pour vous, pour vous et la fin très éloquente : OU POUR L’AMOUR DE VOUS, OU POUR L’AMOUR DE MOI (mais Jouvet verrait en ce moi, un autre moi, transformé radicalement et je reconnais que la dernière phrase de la tirade, JE VOUS EN CONJURE PAR TOUT CE QUI EST CAPABLE DE VOUS TOUCHER, montre El oubliant enfin son cas et  cherchant à influencer Dj sans qu’il ne soit plus question d’elle. Reste son erreur fondamentale : seuls les sens le touchent );

-les (très) mauvais esprits devineraient plutôt un (bon) confesseur (forcément jésuite) qu’une grâce divine...Il s’agit d’aider El à la retraite. Une bonne consolation avant de partir...

DEUX LECTURES SONT POSSIBLES :

ou bien Molière donne une vision réellement mystique et cette ambiguïté n'existe pas, elle est aussi l’expression de tout mysticisme et en particulier d’une Thérèse d’Avila (telle que la représenta le Bernin): cette El mystique s’élève à une union inédite du corps et de l’âme. Le passé a eu lieu, il est épuré et l’élan a changé de nature tout en restant élan. Elle veut vraiment, par charité, le salut de DJ.

Molière aurait ici touché à quelque chose d’inouï, la passion mystique que célébra le baroque.

ou bien (ce que je crois) M a réussi à montrer l’effet du silence et du sarcasme de DJ sur Elvire qui est encore hantée par un désir assez peu épuré. Plus elle parle et plus elle revient à son passé. Elle en prend soudain conscience et se sauve. Alors la dernière phrase de la tirade reviendrait à dire qu’elle oublie enfin sa personne pour le sauver par n’importe quel moyen.

        b) elle ne peut être entendue : son erreur? Elle désire comme tout le monde (dont qui? à vous) impliquer DJ dans un échange où Dieu (et la représentation chrétienne (supplices éternels)) est plus que présent:


        -citez : un exemple funeste de la justice du Ciel;accordez-moi votre salut (!!!); corriger votre vie.

        -elle attend une récompense!!!

=>sauver DJ c’est lui faire devoir tout de Dieu, d’un Dieu miséricordieux et non punisseur - l’impensable.

    c) sa réussite n’est pas ce qu’elle attendait vraiment :

-après sa remarque cynique (tu pleures), DJ est séduit, à sa façon : il voit qu’El est redevenue croyante, qu’elle est “repassée” à Dieu : elle en redevient désirable. Il veut la retenir et avoue à Sg dans la scène suivante (“quelques petits restes d’un feu éteint”).

-à la fin de son intervention, El, comme sortie de son discours de somnambule, d’'”hallucinée” prend sans doute conscience du risque qu’elle a pris par l’affection qu’elle montra encore et devient soudain prompte à fuir.

cl : grande scène pathétique mais digne qui oppose une passionnée et un amateur de “petits restes d’un feu éteint”. Émissaire de dieu, E a souligné l’urgence de la situation: après une scène de farce, le C va venir honorer l’invitation scandaleuse de DJ : tout converge dans cet acte. Après l’argent et la vertu (de vraie noblesse), voici liés, la femme, Dieu. Si El a pu se métamorphoser (sincèrement), Dj retiendra une autre mue, feinte et opportuniste : il deviendra hypocrite en V.



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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 07:37
ELVIRE, UN PERSONNAGE IMPORTANT?

-partir de l’héritage que trouve Molière en reprenant le “mythe” commençant. Tirso mettait sur scène 4 femmes (2 nobles, 2 paysannes): le quatuor fut gardé par certains: Molière se limite à un trio et à deux apparitions très différentes d’Elvire. Point capital: il ne fait aucun lien entre Elvire et le Commandeur (personnage d’Anna qui est là dans nombre de versions)!

-elle est la femme de la pièce avec les deux paysannes.Personnage unique dans le théâtre de Molière.

1/ELLE PARAÎT ASSEZ PEU IMPORTANTE : pourquoi?

    a) présence scénique limitée:

-deux scènes:  à vous

-alors que DJ est présent 25 fois sur 27 et Sg 26/ 27.

    b) DJ ne lui accorde aucune importance - ou presque

-il considère qu’elle appartient à un passé révolu
-il la traite de folle avant son entrée en scène.
-il la regarde à peine la première fois (prouvez-le)
-une exception mais assez perverse : il a un petit reste de son feu éteint et l’invite à rester chez lui (dév quand, où, pourquoi?)...

    c) elle est humiliée, rabaissée, ridiculisée :

-Dj lui fait répondre par son valet (à vous);

-Dj lui oppose le discours de la foi après l’avoir enlevée d’un couvent (à vous);
-évoquez deux interventions de DJ : Sg, le Ciel....en I,3; en IV,6: tu pleures, je pense.

2/SON IMPORTANCE NE SE MESURE PAS À SA SEULE PRÉSENCE SUR SCÈNE :

    a) elle est une synecdoque des femmes: elle condense tout ce qui les attire avec passion vers le burlador.Dire qu’on peut voir un reste de passion dans la belle tirade de la visite de IV. Elvire c’est le regard sur DJ , c’est la passion fulgurante et romanesque  blessée en I  et la passion au cœur du détachement même en IV. Molière enlève une femme de sa pièce mais il crée le personnage de la grande amoureuse. Elle aide ainsi au mythe.

    b)indirectement il est question d’elle du début à la fin :

-scène d’exposition avec Gus.

-par antithèse, elle est présente en II avec les paysannes : l’abandonner pour des paysannes c’est encore plus la déshonorer, la mettre sur une liste...

-en III, on voit et on entend beaucoup ses frères.

-elle une grande scène d’apparition en IV.

-en V le spectre voilé peut la rappeler (“je crois connaître cette voix”)

    c) elle incarne depuis le début bien des défis de DJ, tout ce qu’il bafoue avec cruauté :

-au plan social: la noblesse, la famille
-au plan moral : la fidélité, la bonté
-au plan religieux:
        -arrachée d’un couvent;
        -elle précède l’apparition de la Statue en IV.
        -elle se présente comme une messagère de Dieu.
Elle est la porte-parole du Ciel qui va punir DJ : elle dit clairement que la Grâce l’a illuminée ...ce qui provoque une dernière tentative de DJ.
Notez bien la continuité de DJ: il joue déjà de l’hypocrisie avec elle en I (où?) avant d’en faire une stratégie en V.

Dév aussi (avec mon cours sur la scène de IV) la belle ambiguïté de ce personnage en IV : est-elle mystique ou a-t-elle encore un amour pour DJ, amour qui se cache derrière la religion? En tout cas elle est un personnage d'une grande noblesse et elle donne à la pièce au registres nombreux une dimension pathétique (on comprend les larmes de Sg) pleine de retenue classique.

cl : à vous. Insistez sur la dimension de métamorphose du personnage et... sa constance :
        en I & IV, elle veut le convaincre (avec des arguments différents évidemment)
        en I sa rhétorique est romanesque, en IV elle est dévote.
        en I elle crie, en IV elle pleure.
        Dans tous les cas elle a besoin de lui pour une JOIE INCROYABLE...

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14 octobre 2008 2 14 /10 /octobre /2008 17:29
    DON LOUIS IV,4 (simple fiche au cas où l’interrogateur ferait du hors-liste)

SITUATION :

    *générale : à vous

    *particulière : acte IV, acte des visiteurs indésirés, des fâcheux : successivement on lui demande des comptes financiers, ici familiaux ensuite religieux avec El & la statue.

        -Dj a deux tactiques pour renvoyer les gêneurs : la volubilité ou le quasi-silence. Voyons ici sa seconde tactique.
Dire le contraste flagrant avec la scène de Dimanche. À tout point de vue. Nous entrons en principe dans une scène héroïque. Dj ne trahit pas  seulement un homme, Dim mais une généalogie et des Valeurs.

LECTURE

ENJEU : éclairer un autre défi de DJ : le social et le familial.

PLAN : annonce.

1)UNE SCÈNE D’UNE RARE VIOLENCE: L'infamie de DJ éclate. Sa vie est en danger.

    -accueil du fils (enrager) / réponse du père: il regrette la naissance d’un fils qu’il demanda au Ciel..

    -insolence (mot même du père) du fils qui se soucie de la fatigue du père, façon de lui reprocher la lenteur et la longueur de sa tirade.

    -colère du père
passant du VOUS au TU (fin de la scène): sa volonté d’expulser la souillure qu’e représente DJ (fin de son discours): en attendant que Dieu s'en charge, il souhaite qu'on enferme son fils, qu'on l'empêche de nuire..

    -le cri assassin du fils dans la scène suivante: “eh mourrez ...”

Tout semble prouver qu’ils attendent chacun la disparition de l’autre. Le père traite son fils de MONSTRE DANS LA NATURE, il est vain (au sens de fat) mais surtout il descend en vain de ses ancêtres : il est donc de trop...

=cette scène permet d’entendre

2)UN ÉLOGE ET UNE DÉFINITION DE LA NOBLESSE :

    a) une tirade de grande ampleur, un discours très élaboré : ne gardez que quelques points, évidemment, et l’idée dominante.

-signalez les articulations évidentes:mots de liaisons (aussi, ainsi, enfin);

-montrez l’alternance de 3 éléments : des propos généraux sur la noblesse, des remarques personnelles (je,aveu autobiographique), et enfin une argumentation ad hominem : il cherche à impliquer son fils par des questions rhétoriques. Dire lesquelles.

 -montrez les nombreuses antithèses ( chagrin & supplice//joie & consolation; gloire /infâme ou honte; crocheteur/ fils de monarque) etc.);

-indiquez l’ampleur de sa phrase :

        -en particulier DE QUEL ŒIL ...MES AMIS : cet ou cette + relative et même deux relatives à la fin.
        -indiquez des éléments binaires  avec un parallélisme : “et si vous êtes las de me voir // je suis bien las aussi de vos déportements”;
        -indiquez un rythme ternaire, garantie d’ampleur (sinon d’emphase : nous le verrons plus bas) :

- quand, quand, que =>“Hélas, que nous savons peu ce que nous faisons, quand nous ne laissons pas au Ciel le soin des choses qu'il nous faut, quand nous voulons être plus avisés que lui, et que nous venons à l'importuner/(suite binaire) par nos souhaits aveugles, et nos demandes inconsidérées!

        -signalez l’alexandrin “je suis aussi bien las de vos déportements”; l'octosyllabe cinglant (ah quelle bassesse est la vôtre!)

        -soulignez l’extrême longueur de sa dernière phrase (clausule):rythme quaternaire=>

    Apprenez enfin qu'un (1) gentilhomme qui vit mal, est un monstre dans la nature, que (2) la vertu est le premier titre de noblesse, que (3) je regarde bien moins au nom qu'on signe, qu'aux actions qu'on fait, et que (4) je ferais plus d'état du fils d'un crocheteur, qui serait honnête homme, que du fils d'un monarque qui vivrait comme vous.

   
 Voilà un parole grave, aux cadences régulières,  portée aussi vers la sentence : la naissance n’est rien où la vertu n’est pas.

Ce discours très composé se veut



     b)une définition de la noblesse :dimension cornélienne de ce grand noble. Il y a beaucoup de valeurs romaines dans ce discours.

-partez du vocabulaire : mérite, vertu, gloire, honneur;

-c’est un code strict ( s’efforcer; impose) qui exige qu’on lui obéisse  continuellement: une espèce de dette infinie qui indique qu’il faut suivre le modèle des ancêtres et tenter de les imiter. Les ancêtres surplombent les vivants. Ils les ENGAGENT !!!

-pressé par la situation, voulant humilier son fils,  DL va distinguer deux noblesses :

                *celle de "droit", de naissance, la sienne, celle du Nom et des armes  qu’on défenden s’inspirant des normes des prédécesseurs illustres.

                *celle de fait, celle de l’action (de la vertu (en un sens précis) : que Molière emprunte à des auteurs latins (Juvénal, Sénèque) et que le Figaro  de Beaumarchais reformulera, un siècle plus tard. Ici le mot vertu a un sens capital ( virtus en latin / aretè en grec, mots impossibles à traduire !)  c'est en quelque sorte la qualité intrinsèque d'un être ou d'une chose, son "principe" moteur - ainsi un char ou un bandit ont leur propre vertu dans la mesure où ils accomplissent les actions en adéquation parfaite avec leur nature. La vertu du fils du crocheteur c'est peut-être aussi d'être un vrai "fils", agissant en fils de crocheteur, vrai prolongement de son père et donc bon crocheteur. Faire bien ce pour quoi on est fait, quel que soit le niveau social, quelle que soit l’activité, telle est la virtus. Un crocheteur honnête est préférable à un fils de monarque sans honneur. D’où sa question : qu’avez-vous fait dans le monde pour être gentilhomme?

        Dom Louis défend une morale du respect, de l’effort, de la grandeur intransigeante. Il donne une définition extensive de la noblesse. Ce qui paraît généreux...

    3)UNE SCÈNE QUI ÉCLAIRE CRÛMENT PÈRE ET FILS:

    a) le fils est bien cerné :

-il récuse toute dette biologique, familiale (rejet du père), idéologique (la classe sociale qui engage à un rôle déterminé);
-il parasite sa classe d’origine en  instrumentalisant des notions généreuses, en utilisant son prestige mais en  trahissant à chaque fois ses valeurs et en en ridiculisant  les membres.
-il pousse son père à faire l’éloge de la noblesse de fait....un comble tout de même.


    b) le père n’est pas sans ambiguïté :

- ses raisons sont surtout celles du besoin de  tranquillité (obligé sans cesse de rattraper les mauvaises actions du fils), de la réputation, de son crédit auprès du Roi..(obsession du regard : citez le lexique de l’oeil, de la lumière). Après avoir traité d'Idéal dans la noblesse il en appelle à la force...

-avec sa tactique du silence, Dj fait retentir un certaine rhétorique, une certaine boursouflure dans le discours de DL. une emphase qui sonne soudain creux. Le père ne sait que parler, son discours est beau mais vide n’a pas prise sur son fils qui ruine la réputation de sa famille et plus largement celle de la noblesse. Le discours de DL semble usé soudain et n’a plus d’effet sur le fils. Dj ne répond pas : aucun souci de réfutation, de défense.

-paradoxalement cette tirade évoque un "péché" du père : il a trop imploré le Ciel ! La mort du fils viendrait annuler sa faute initiale...Curieux échange...

Comme toujours et en très peu de mots, Dj est parvenu à faire avouer les vraies raisons des mots généreux...

cl:après Dimanche et un DJ comédien, nous avons vu  face à un DJ peu loquace, DL qui critique toute la vie  de son fils et en souhaite la fin grâce au Ciel, annonçant par avance la visite de la statue.




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12 octobre 2008 7 12 /10 /octobre /2008 16:18

(Simple cours TGV dans le cas d'une interrogation hors liste)


III,5 LA PREMIÈRE APPARITION DU COMMANDEUR (rappelez ce qu’est un Commandeur : dimension militaire puis religieuse)
  [de : mais quel est le superbe édifice....=> à la fin]


                Question:INTÉRÊT DE LA SCÈNE?


INTRODUCTION : à vous.

       

1)ELLE PRÉCISE  LES FONCTIONS DE SG :

    a) fonction comique :

          *celui du poltron :en deux épisodes

-avant notre extrait =la “purgation” : il a fui en fait le combat de son maître;

-il a peur de s’adresser au C qu’il finit par traiter, sous la menace,  comme un vivant. Il prend même à témoin la statue pour dénoncer la responsabilité de son maître.

        *=>sa fonction est évidemment d’introduire de la farce dans un contexte  devenu surnaturel.

    -drôlerie de son incapacité à apprécier l’architecture sans autre mot que beau..;

    -drôlerie de son effroi traduit par son imitation de la pierre (raideur);

    -drôlerie d’introduire le pari, la question de l’argent (fin de la scène) dans un tel contexte(ce qui annonce l’ultime scène de la pièce) et la question économique).

=>en même temps il a trouvé un allié de poids.

    b)  fonction dramatique : il est le provocateur inconscient, l’incitateur involontaire, l’adjuvant que le burlador transforme en opposant  : à vouloir retarder ou empêcher DJ, il crée chez lui un désir de réaction ; plus il l’avertit, plus il provoque son maître à pousser plus loin son défi au Mort. Plus il tremble et plus Dj le pousse à agir et à profaner.


     
2) C’EST L’ENTRÉE EN SCÈNE DU SURNATUREL : dire deux mots sur l’annonce de cet épisode (Sg a déjà fait remarquer que c’est dans ces lieux qu’est mort le Com (tué par DJ) : où? à vous.

    a)scène largement préparée :depuis le début de la pièce les adversaires de DJ ne cessent d’invoquer le Ciel et la possibilité de damnation ; en outre vous rappellerez que l’acte III est fondé sur l’apparition d’êtres qui ont des valeurs et se battent ou résistent pour elles: le Pauvre, Carlos qui renonce à la tentation de la vengeance facile.

    b) entrée reposant sur une scène à machines, relevant plutôt de l’esthétique baroque (qui dominait le théâtre dans les années 20/30) moribonde sur la scène française alors (voir cours sur baroque et classicisme : exception faite pour certaines comédies de Molière justement)

        -insistez sur le mouvement d’ouverture du mausolée. Face à DJ le coureur, le mobile, des éléments se mettent à bouger.  Scénographie complètement abandonnée par les mises en scène modernes.

    c) le surnaturel est apporté par une statue de pierre qui va avoir un mouvement de tête: elle est au croisement de deux traditions :

-on trouve dans tous les folklores européens (plus de 250 versions ont été répertoriées) des invitations profanatrices (outrages au crâne d’un mort par exemple) faites aux morts qui alors reviennent  sous des formes diverses mais proches du  spectre.

-on a dans l’Antiquité de nombreuses statues vengeresses (chez Aristote, chez Plutarque).

C’est Tirso qui inventera le lien entre statue & femmes séduites.

=> il reste à savoir ce que M veut en faire et en fera (attendons la suite). Vous utiliserez, si nécessaire, vos connaissances sur la mort de DJ (V).

Intérêt majeur enfin :

    3)VOIR LA RÉACTION DE DJ qui est peu loquace sur la question de Dieu qu’il défie pourtant cesse.
   
    a)au départ il s’amuse avec le mort : il visite le mausolée sans aucune émotion,  comme un “touriste” (mot anachronique), ne lui accorde aucune pensée charitable et le traite comme un vivant : il met  de la civilité dans un échange avec un double de mort. Agacé par la poltronnerie de Sg, il va se lancer dans une plaisanterie qui doit servir à réduire la peur superstitieuse du valet.

    b)il s’en prend durement aux valeurs du C et donc de la société, au nom de sa seule valeur: le plaisir. Il attaque

-la vanité, non sans raison : la vanité est péché et cette critique aurait pu être émise par  un  moraliste et plus encore par un janséniste*: comment peut-on se prendre pour un empereur romain?Comment peut-on user de cette image pour abuser les visiteurs?


-l’erreur de conception de la vie et la mort : pourquoi sacrifier ses plaisirs pour avoir une belle statue post mortem? DJ préfère l’excès de son vivant, la dilapidation, la dette plutôt que l’investissement dans l’au-delà. Tout sacrifice l’irrite. C’est vivre en pierre que de vivre en pensant à la mort et sa représentation. Dj file comme l’eau ou l’air : la vie du C s’était pétrifiée, bien avant sa mort. La pierre ne peut  séduire DJ. Elle est le comble du dérisoire.


    c)il défie le mort et tout le système de pensée qui s’y rattache :examinons l’invitation à souper. Le DJ de Molière n’insulte pas sa victime comme dans d’autres versions: il fait pire.

-invitation sacrilège redoublée par l’intermédiaire choisi (tactique déjà vue avec Elvire): un valet lance une invitation (mais il est vrai aussi qu’on peut aussi soupçonner DJ de ne pas s’engager directement dans cette invitation: il me semble tout de même qu’il veut donner une leçon à Sg de façon détournée et d’ailleurs il va l’inviter ensuite lui-même).

-comment réagit-il ? En prenant la parole pour humilier Sg. Devant l’évidence du mouvement, fier, hautain il ne parle pas du phénomène et  s’en va ;  en IV devant l’insistance de Sg, il parle en termes rationalistes (vapeur) et passe à une menace de grande violence avec SG (nerf de bœuf = cravache)). Il veut s’en tenir au 2+2=4 comme le dit implicitement Sg dans la dernière réplique..(esprits forts)

cl : à vous. Faites remarquer que DJ va revenir pour la première fois dans son espace familier : le “nomade” DJ  a certes invité une statue. Certains peuvent prendre ce retour comme un refuge, un repli.Qui finalement le rendra vulnérable.La statue viendra chez lui en marchant : Dj sera réduit à une certaine immobilité. Il lui faudra trouver une autre solution. L’hypocrisie.
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28 septembre 2008 7 28 /09 /septembre /2008 10:54

L’introduction au commentaire



    Comme pour tous les exercices, elle doit être complète, brève et efficace. Par principe, vous êtes supposé vous adresser à votre correcteur comme s’il ne connaissait pas le texte (ce qui est rare, malgré tout...).



        On  attend :

-une amorce

-une présentation du texte et de l’auteur.

-une “problématique”, un projet de lecture.

-une annonce de plan.



        • UNE AMORCE ? C’est selon votre capacité.

 L’idéal est d’attaquer par une remarque générale impliquée par ce qui domine le texte qui sera commenté. Est-ce une description, une tirade, un sonnet, un dialogue, un texte fantastique, un texte dans une langue populaire (1)? Si vous avez des repères d’histoire littéraire vous devez les utiliser.



        Vous aviez une tirade de séducteur : DJ est objectivement libertin. Vous  pouviez commencer par une réflexion générale (brèvissime) sur le libertinage.

        “Le libertinage se distingue par une contestation au plan théorique et des provocations dans les mœurs. Le DON JUAN de Molière... etc”.



Évidemment il faut éviter les platitudes : avez-vous un poème d’amour? Dispensez-vous de nous dire que depuis la nuit des Temps (ou, de tout temps ou encore, avec Vialatte, depuis la plus haute Antiquité) homme et femme s’aiment.

Si vous choisissez d’ouvrir par une amorce c’est pour “montrer” discrètement votre  immense culture et votre maîtrise de l’enjeu du texte. Si vous attaquez sans amorce laissez aux orties l’attaque : « ce texte... », « cet extrait... » etc.



(1) exemple : vous devez commenter un texte de Céline dont la langue est argotique, populaire.Vous pourriez écrire:

    Si depuis Rabelais  le roman n’a pas toujours été  l’écho de tous les niveaux de langue, avec Hugo et Zola, entre autres, il a fait preuve d’une plus grande ouverture et Céline est sans doute celui qui accueillit et  transforma de la façon la plus étourdissante la langue supposée populaire.





        • PRÉSENTATION rapide du texte (le situer si par chance vous connaissez l’œuvre), de sa nature, de son genre et peut-être déjà de son/ses  registres.

        -en même temps (et même avant si vous le voulez, peu importe) PRÉSENTATION de l’auteur : ne pas traîner. S’il vous est inconnu nécessité fait loi, vous passez vite; s’il vous est connu n’étalez pas un savoir inutile et n’utilisez que ce qui touche au texte et à votre objectif : pour DJ la dimension sulfureuse était à rattacher aux déboires de Molière avec le TARTUFFE.



        •UNE PROBLÉMATIQUE, UN PROJET DE LECTURE : le dada des profs.

                -on peut se contenter d’une question qui prépare l’énoncé du plan (et qui en est une reformulation):

        En quoi cette tirade éloquente sert-elle une certaine philosophie?



                   -on peut choisir une question un peu plus ambitieuse.

            *Un de vos camarades propose justement :”En quoi  cette tirade démontre-t-elle la personnalité singulière du héros?”

            *On pouvait aussi choisir :“Devant une telle déclaration n’est-il pas permis de se demander ce qui fait la force de séduction de DJ?”.







        • ANNONCE DU PLAN :rédigez  le plus élégamment possible (entendez: le moins pachydermiquement possible).



        Vous tenterez le mode interrogatif souvent efficace: vous éviterez (sauf incapacité notoire) l’éléphantesque “ Dans une première partie, je montrerai comment .... et, dans une deuxième partie.....je verrai/ nous verrons....”.

        Ou: “Deux parties composeront le commentaire : la première ....: la seconde....”.

        NE VOUS ANGOISSEZ PAS: je serai indulgent (si, si) sur ce point.



        Reprenons le fil de Raphaël:”En quoi  cette tirade démontre-t-elle la personnalité singulière du héros? Tout d’abord elle est l’œuvre d’un maître du discours. Ensuite elle est au service d’un éloge du libertinage”.



        Repartons de ma proposition :“Devant une telle déclaration n’est-il pas permis de se demander ce qui fait la force de séduction de DJ? On peut penser que sa virtuosité verbale (I) bien étayée par une philosophie suggestive (II) joue un grand rôle”.

ATTENTION  I & II ne doivent pas apparaître dans votre copie : ici, ils servent à attirer votre attention.



   VOUS AVEZ PASSÉ TROIS LIGNES. VOTRE I PEUT COMMENCER (AVEC OU NON UNE TRANSITION...)
.
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